Parallèlement aux productions cinématographiques, il existe depuis les débuts de la télévision, mais surtout depuis son extraordinaire développement après la Seconde Guerre Mondiale, une forme de concurrence aux films que l’on pourrait dire ‘’classiques’’. Puis à la fin des années 1970, avec l’émergence d’entité comme HBO, de nouvelles logiques de production s’intensifient. Puis en 1992, SyFy entre dans la game…
Originellement Sci-Fi Channel, puis Sci-Fi et enfin SyFy, cette chaîne, qui comme son intitulé l’indique est tournée vers un divertissement de l’imaginaire, à la particularité de produire ses propres films. Bien connu des amateurs, ces œuvres sans grand budget, mais avec beaucoup d’ambitions et de cœur, possèdent pour certain un charme inégalable. Pour d’autres, ce ne sont que des navets sans noms, sans intérêt et inutiles.
Le cocktail SyFy c’est en réalité un mélange des deux. Sur une base nanardesque assumée, la chaîne propose des programmes loufoques, sans jamais verser dans le sérieux , avec une volonté de divertir son auditoire. Par une démarche proche des séries Z d’antan, ces œuvres ne se prennent pas au sérieux. Elles sont à aborder comme des parodies très ‘’méta’’ de ce que fut le cinéma d’exploitation S-F des années 1950.
Ainsi, ce n’est pas un hasard si le légendaire Roger Corman, ante-pape d’Hollywood, père du Zed le plus cradingue (qui a fêté ses 95 ans en février !) se retrouve derrière la trilogie des ‘’Sharktopus’’. Cela inclut le troisième volet ‘’Sharktopus vs. Wahlewolf’’ : toute un putain de programme. Il se trouve également chez SyFy quelques productions vraiment excellentes comme ‘’Alien Apocalypse’’ de Josh Becker ou ‘’Terminal Invasion’’ de Sean S. Cunningham (le papa de Jason Voorhes!), sans oublier, bien entendu, la saga ‘’Sharknado’’ et ses six chapitres tout aussi débiles les uns que les autres.
‘’Scream of the Banshee’’, c’est une œuvre typique de SyFy, avec ses défauts, mais surtout ses qualités. Déjà, c’est un métrage qui ne se prend pas au sérieux, malgré un premier degré feint, qui est l’une des marques de fabrique de la chaîne. Ce que propose Miller n’est rien de plus qu’une petite aventure horrifique, avec son lot minimal de suspens et quelques [rares] transcendances goresques. Le tout, avec des acteurs vraiment pas très bons, mais qui essayent de faire de leur mieux, un scénario pipé dès le départ et, et, et des stars has-been.
Car c’est là aussi une des spécificités de SyFy : recycler des comédiens.nés disparus, qui connurent une heure de gloire à un moment ou un autre. Ici, c’est une Lauren Holly post-chirurgie et un Lance Henriksen dans sa septième décade, qui servent de vitrine. En réalité, Henriksen n’apparaît qu’à la fin pour 10 minutes, mais même 10 minutes de Lance Henriksen valent mieux que n’importe quel nanards sans lui.
Cette seconde réalisation de Steven C. Miller, cinq ans après son vraiment cool ‘’Automaton Transfusion’’, se montre plutôt atypique pour un jeune réalisateur. En effet, se prêter à l’exercice de la production SyFy en début de carrière, ça ressemble fort à un cul-de-sac. Toujours est-il qu’avec un budget clairement minimal, et des moyens visiblement en deçà des ambitions, et bien ‘’Scream of the Banshee’’ ça ne s’avère pas si mal finalement.
Comprenons-nous bien, ce téléfilm ressemble à un épisode type de l’excellente série ‘’Tales From the Crypt’’. Ni plus ni moins. Inutile d’essayer de chercher une qualité qui n’existe pas au-delà de son modèle de production. Ce petit exercice horrifique est donc à voir dans la perspective des œuvres estampillées SyFy. Il est important de se savoir sensible au charme désuet de ces téléfilms exemptent de prétention, qui offrent toujours un spectacle déviant, mais généreux, assumé et volontaire.
‘Scream of the banshee’’ n’échappe pas à la règle. Il vaut ce qu’il est : un tout petit film destiné au petit écran, avec tout le nécessaire pour satisfaire une audience sensible à ce type d’art. Tout le nécessaire est requis pour passer un bon petit moment avec son plateau-repas, les pieds dans les charentaises, sur un canapé bien moelleux, avec dans la cheminée le feu qui crépite. C’est là l’assurance d’un parfait petit programme hivernal, ou pour les fins de journée pluvieuses en été.
Non, en effet, ce n’est pas du grand art, oui ce n’est pas génial, mais Miller reste fidèle à ses références. Bien que parfois il s’y noie un peu, comme l’introduction clairement inspirée par ‘’Army of Darkness’ de Sam Raimi, il réussit à proposer un spectacle sympa. Soit un divertissement fun, avec en main très peu de moyens pour aboutir tout de même à un produit final correct. Mais c’est là aussi tout le défi d’une production SyFy : réussir à briller dans un foutoir pas possible où à la surenchère déviante d’un ‘’Titanic II’’ (si si…) peut répondre un excellent ‘’Dog Soldiers’’.
-Stork._