Plus de six années après l'affriolant Spring Breakers Harmony Korine nous revient avec The Beach Bum, modeste petit délire narrant la chute puis l’atterrissage en douceur de Moondog, écrivain-poète aussi talentueux qu'inconséquent...
Moins extrême, moins radical et de fait moins audacieux que les précédents longs métrages de son auteur The Beach Bum nous est vendu tel un petit film estival réservant son lot d'atouts féminins, de fumette et de délires orgiaques en tous genres. Si le propos tient à nouveau du Korine pur jus ( on y suit un Matthew McConaughey faisant l'effet d'un traîne-savate s'adonnant aux plaisirs de la chair et de l'oisiveté, figure contre-culturelle dans la droite lignée des personnages de Gummo ou de Trash Humpers située à mi-chemin entre le Dude de The Big Lebowski et le protagoniste du Inherent Vice de Paul Thomas Anderson ) l'ensemble s'avère également plus sage, plus policé qu'à l'accoutumée : entre un filmage peu inspiré et la désinvolture dudit Moondog le dernier film de Harmony Korine montre rapidement ses limites esthétiques et thématiques, loin des splendeurs rutilantes de Spring Breakers ( également mis en lumière par le grand Benoit Debie ) ou des aspérités du génial et dogmatique Julien Donkey-Boy...
L'ensemble se laisse regarder sans broncher, mais avec une étrange sensation d'indolence à la fois agréable et gentiment lassante. Underground mais clairement en-deça de ses intentions initiales The Beach Bum est le genre de petit métrage se suivant les pieds et les mains en éventail, joli et plaisant sans toutefois atteindre le tiers de la subversion habituelle du Cinéma de son auteur-réalisateur. Korine ne dépasse jamais son sujet ni la surface de son personnage principal, celui-ci se voyant néanmoins habilement incarné par un McConaughey littéralement déjanté. Pas mal, sans plus.