Tous les thrillers coréens ne sont pas bons à prendre, la preuve avec ce remake de 36 Quai des Orfèvres particulièrement décevant. Pourtant, l'idée de transposer l'intrigue imaginée par Olivier Marchal en Corée, transformant les braquages de transports de fonds en traque de tueur en série (on est dans un film coréen, pas de doute), s'avère être une excellente surprise, renouvelant la trame pour ne pas servir du réchauffé à la ricaine. Pas mal de séquences modifiées donc mais dans l'ensemble, The Beast se calque efficacement sur son modèle français. Mais alors où est-ce que ça pêche ?
Réalisé par Lee Jung-Ho, qui signe ici son premier film, et principalement interprété par Sung-min Lee (The Spy Gone North) et Yoo Jae-myung (The Drug King), pas encore connus du grand public occidental ni vraiment de grosses pointures en Corée, le remake manque sévèrement de savoir-faire. Car au-delà du manque d'expérience de Jung-Ho et des deux rôles principaux suffisants mais incapables de crever l'écran, The Beast souffre également d'un rythme incroyablement peu maîtrisé, d'une photographie pas vraiment transcendante et d'une action tout bonnement ratée (cette bagarre flics-gangsters manque d'un punch tenant presque du malaise) tandis que l'intrigue, coincée dans sa transformation en traque au serial killer, manque profondément d'humanisme.
La comparaison avec son modèle est inévitable mais force est d'admettre que le film d'Olivier Marchal bat son remake à plate couture. Terminées les joutes verbales mémorables, l'intensité dramatique des relations entre les personnages, la rivalité palpable entre ces deux flics aux mêmes méthodes peu orthodoxes à peine esquissée ici, la guerre des polices désormais clairement survolée... The Beast reste ainsi un honnête thriller, plutôt bien interprété et assez agréable à suivre mais manquant cruellement de savoir-faire, de maîtrise, de couilles. Dommage, le projet n'en manquait pas moins.