Pour son film Lee Jung-Ho s'inspire ouvertement de 36 quai des orfèvres et transpose l'action en Corée en remplaçant les attaques de fourguons par la poursuite d'un tueur en série d'un sadisme sans limites. Mais ici, l'affrontement entre les deux inspecteurs aux méthodes et tempéraments différents qui prenait toute la place dans le film d'Olivier Marchal, avec des faces à faces tendus, ne vient qu'accompagner une enquête compliquée aux rebondissements pas toujours maîtrisés.
C'est là le défaut de ce polar Coréen violent et malsain qui nous égare dans son action à priori décousue. On ne sait pas vraiment à quelle sauce on va être mangé pendant une bonne partie de l'intrigue et ce manque d'enchaînement et de direction, même s'il se justifie au final, donne l'impression que le réalisateur ne sait pas trop sur quel pied danser entre les relations conflictuelles de ses personnages et cette enquête éprouvante.
Mais derrière cette maladresse, reste un film qui sait se faire prenant par instant, voir surprenant, et qui joue franchement la carte du film noir. Certains plans d'une beauté froide marquent nos rétines et l'ambiance de plus en plus oppressante qui s'installe dans la seconde moitié nous prend aux tripes. Nos deux héros, loin d'être des policiers exemplaires, se perdent dans leurs choix, dans leurs convictions et dans leurs objectifs. Prisonniers de situations dont ils ne sortiront pas indemne, ils s'embourbent à mesure que la vérité se dessine et leur conflit devient presque secondaire tant l'enquête constitue vraiment le point fort du film.
The Beast est donc un bon remake, dans le sens où s'il ne se présentait pas comme inspiré du 36, il m'aurait été difficile d'établir le parallèle. Toutes les cartes du thriller sont jouées avec un sens de l'image indéniable et les acteurs, Sung-min Lee en tête sont convaincants.