La douce époque des vidéos-clubs: on se laissait guider par nos instincts, nous occtroyions une confiance aveugle à la jaquette, à la tagline ou aux critiques incomplètes et sorties de leur contexte (et c'est aussi le cas ici). Et il faut l'avouer, la jaquette de "Grizzly Park" aka "The beast" aka "L'ours mangeur d'homme" aka "Parc Grizzly" suscitait l'envie. J'aurais du m'en méfier. Je n'étais prêt à l'abbération filmique qui allait en découler.
Déjà, le pseudonyme du réalisateur (qui est-il vraiment?) aurait du me faire fuir, ou l'atroce chansonnette que l'on retrouve en début de film. Sans surprise, les acteurs sont mauvais et l'histoire est clichée, mais c'était presque un pré-requis à la limite donc je n'allais pas en tenir compte.
L'histoire, pour faire simple: 8 jeunes délinquants en réhabilitation sont chargés de procéder à des travaux forcés (même si ça ressemble en fait à une balade champêtre tout le long du film avec l'impression que n'importe qui peut se barrer du groupe n'importe quand sans que personne ne remarque cette disparition avant des heures) sous la responsabilité de Ranger Bob (un acteur, qui, pourtant n'a pas une filmographie si dégueu que ça). Ils seront cependant "traqués" par un serial killer se faisant passer pour un ranger, et aussi par une autre menace...
ça, c'est le synopsis. En réalité, il ne se passe rien dans 95% du film. Et pourtant, les scènes sont tellement hallucinantes qu'on a pas vraiment le temps de s'ennuyer. Premièrement, le serial killer qui se fait passer pour le ranger est affiché de partout, sa photo tourne en boucle sur les téléviseurs mais lorsqu'il se présente devant les rangers en question couvert de sang, ça ne choque personne. On sort le petit prétexte du "c'est de l'huile, j'ai bidouillé ma caisse " et ça passe crème.
Il est bon de savoir que ce serial killer n'a aucun intérêt ni aucun impact dans l'histoire (si ce n'est 2 ou 3 morts de personnages random)
D'ailleurs, le personnage n'est pas joué par un acteur mais par un véritable élèveur d'ours assez connu et médiatisé.
Pour le reste, il s'agit plus d'une balade dans les bois d'1h30 qu'autre chose. Le tout ponctué de chansons hors contexte. 95% se constitue donc de dialogues incroyablement nanardesques, dont en voici quelques-uns:
- Fille random: Vous vous appellez comment, ranger?
- Le ranger: Ranger Bob
Gars random: Et pourquoi pas, Bob l'éponge?
Mec nazi radom: - Je dois aller faire pleurer le dragon.
Fille random: oh, tu as un dragon? J'adore les dragons!
Fille random: mais Bob c'est vraiment votre nom de famille?
- Le ranger: oui
- Fille random: Bob Bob ?
- Le ranger: John William....Bob.
Quelques scènes demeurent tout de même très borderline, comme ce dialogue entre le ranger et un mec skinhead affichant des tatouages de croix gammée et white power (le personnage se nomme d'ailleurs White). Le ranger demande au skinhead pourquoi il est assis à côté d'un "noir" (Nommé Brown...ça ne s'invente pas) et pourquoi ça ne semble pas le gêner, suite à quoi, tous les personnages se mettent à rire (?)
Le pire revient surtout à ce personnage qui déclare avoir violé une fille de 15 ans mais que "ça passe car je ne suis pas tombé amoureux d'elle donc ça ne fait pas de moi un monstre" et qui parvient à emballer une fille la même nuit.
Comment ne pas citer également cette scène dans laquelle nos héros se lavent dans un lac? Si ce n'est de juste afficher leur plastique (pas dégueu) et dans laquelle les "acteurs" font semblant de se laver en ne touchant même pas l'eau.
Et pourtant, il s'agit bel et bien d'un film d'horreur car après 1h20 de rien du tout, un grizzly apparait et se met à butter tout le monde avec des plans très gores et pas si mal fouttus (le grizzly, on a du l'apercevoir 1 minute auparavant grand max). Le film semble prendre conscience de sa connerie car c'est à ce moment-là qu'il verse dans de l'humour volontaire à base de nichons.
Si le film semble effectivement plonger dans l'auto-caricature et la nanardise assumée au détour de quelques dialogues ("Tu as déjà leché une grenouille?"), je doute que l'entièreté du métrage ait été pensée comme tel. Et le tout forme un bordel sans nom, une chose inommable et ananrchique, sorte de film de vacances transformé en film d'horreur à la dernière minute. Evoquonq tout de même les deux twists proposés en fin de films, qui, tout comme le grizzly et le serial killer du début, n'ont aucun impact sur "l'histoire".
Vous l'aurez compris, entre toutes ces scènes hallucinantes et mal raccordées entre elles, le doublage Français (québecois en réalité) ignoble, avec même des coupes en plein milieu de phrases, les stock-shots d'animaux, les dialogues over the top...on est clairement dans une série Z fabriquée à partir de bouts de ficelles, qui rappelle les heures sombres des nanars de Mattei et Fragasso, le gore outrancier en moins.
Et le film n'est même pas critiqué sur Nanarland.