Jason Statham et ses films d’action, c’est presque devenu un sous-genre en soi. Chaque année on voit l’acteur castagner du figurant pour X ou Y raison de scénario avec plus ou moins de réussite cinématographique. Et pourtant, si on peut être tenté de vite classer ses productions de pur divertissement sous testostérone comme de vulgaires séries B interchangeables, il y en a parfois dans le lot qui sont efficaces et mémorables. Et surtout qui donnent au spectateur avide de bastons et de fusillades ce qu’il est venu chercher avec bien plus de fond et de prestance qu’on ne l’aurait imaginé. On pense, par exemple, à « Hypertension » et son côté dégénéré, à « Homefront » et son script bien écrit ou encore aux films légers ou plus sérieux de Guy Ritchie dans lesquels l’acteur s’illustre de la plus belle des façons, de « Opération Fortune » à « Un homme en colère ». Et « The Beekeeper, le Gardien » est de ceux-là. Sans être un incontournable du cinéma d’action, c’est une série B pêchue, bien mise en scène et sans temps mort.
Peut-être que la réussite de cette nouvelle proposition où l’acteur casse des têtes et des corps à tour de bras dans ce qui aboutit à une sorte de joyeux plaisir régressif pour le spectateur tient aussi, cette fois, à son réalisateur. En effet, il s’agit de David Ayer qui a quand même signé des polars très lourds à ses débuts comme « End of Watch » ou encore l’excellent film de guerre « Fury ». Puis ensuite, il est tombé dans la marmelade hollywoodienne et n’a livré que de grosses déceptions ou des films complètement foirés tels que « Sabotage » ou « Bright » jusqu’à la catastrophe « Suicide Squad », un des films les plus attendus qui soit pour un résultat disons... très mauvais. Ici, avec un pitch de série B tel que celui-là et une promesse de divertissement simple et direct, il assure et retrouve la maestria de ses débuts pour l’action : bien filmée, bien chorégraphiée et quelques belles idées de mise en scène dans le domaine comme la séquence à la station essence ou la mise à mort du petit col-blanc mafieux sur un pont.
Jason Statham est plus inexpressif que jamais mais on ne lui demande pas grand-chose d’autre dans ce genre de rôle et de film. Et c’est presque devenu une sorte de marque de fabrique pour l’acteur. En revanche, il est toujours aussi convaincant dans la castagne contrairement à un Liam Neeson septuagénaire par exemple. Le postulat initial voyant cette milice privée d’apiculteurs que l’État emploie pour que le système perdure peut paraître un peu prétentieuse et ridicule de prime abord, surtout vus les développements internationaux d’une telle affaire proposés ici par le script, mais c’est plutôt bien négocié et on n’entre jamais sur le territoire du nanar ou du scénario débile. La mythologie autour de l’histoire et les métaphores qui vont avec ne sont pas trop bêtes, même prises au premier degré. Et tout cela permet d’écorner clairement les institutions américaines ainsi que la corruption dans les hautes sphères du pouvoir et de l’économie. De manière un peu franche et réac mais ça colle plutôt bien au récit. Après il faudra passer sur quelques invraisemblances en plus de la quasi-invincibilité du personnage de Statham mais ça fait partie du jeu. « The Beekeeper, le Gardien » est donc un bon film d’action efficace, pas bête et bien réalisé et c’est déjà beaucoup. Mais bien sûr, si tout cela est uniquement vue par le prisme du seul cinéma de divertissement du samedi soir.
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