Ces derniers temps je suis un peu plus sensible à l'horreur. Dans le sens où je ressens quelque chose de désagréable. Je me suis toujours dit qu'en vieillissant on pouvait gagner en sensiblerie, la cause, c'est un de mes amis de la cinquantaine, qui se montre de moins en moins dur. Bon, c'est p'tet depuis qu'il a eu ses gosses, je sais pas. En tous cas je me suis demandé si j'allais moi aussi devenir un sensible. Peut-être que c'est en cours. Je sais pas. Ou bien le film est vraiment dérangeant ? Je crois pas. Je sais pas.


En tous cas l'intrigue fonctionne assez bien. Je m'attendais à un mauvais film même si j'aime bien Gunn et McLean. Je m'attendais à un énième survival dans un bureau, un truc mal fichu. En fait, c'est comique, de manière inattendue : il y a de vrais bons gags. Les personnages sont bien exploités durant les 20 premières minutes : on a un bref portrait de chacun. Le déroulement se fait sans problème ; on a même droit à des surprises parce que certains survivent plus longtemps que prévu et d'autres meurent de sans qu'on s'y attende. L'horreur est vraiment chouette. Après, le côté psychologique est moins exploité arrivé au 3/5 du film, c'est-à-dire quand le jeu de massacre est vraiment lancé et qu'il n'y a plus de questions à se poser, du coup l'intrigue perd un peu de sa superbe. mais l'auteur redonne un coup de fouet en allant au bout de ses idées, en se montrant radical. Il faut dire qu'il a choisi un nombre assez élevé de victimes et qu'on n'a quand même pas l'habitude de voir autant de gens mourir dans ce genre de film. Et puis malgré tout... quand on voit comment certains réagissent... ça fait un peu mal au cœur. Ce qui m'a un peu déçu aussi, c'est l'absence de règle. En même temps c'est ingénieux, ça montre à quel point les employés doivent juste accepter les directives sans broncher. Mais on aurait bien voulu qu'il y ait une forme d'échappatoire pour créer des attentes.Parce qu'en l'état, comme un personnage le souligne bien, on se dit qu'on va juste voir un long jeu de massacre et l'on se demande uniquement ce qu'il adviendra de l'unique survivant... heureusement, Gunn s'en sort bien avec cette conclusion glaçante.


Et donc c'est ça qui m'a retourné : voir des gens se rabaisser à telle vilenie. En même temps je comprends le point de vue : il faut survivre, tuer pour ne pas être tué. Je me demande comment je réagirais. Je suis fort à cheval sur ce genre de règle sur le vivre ensemble. Par exemple, ça m'énerve quand les gens ne savent pas faire preuve de courtoisie sur la route, que les gens se garent n'importe où, que les gens bousculent dans les supermarchés, etc. . Et j'essaie de ne pas être comme ça. Ce serait mentir que de dire que je n'ai jamais fait de faux pas. Mais je tente de me modérer. Au grand dam de ma compagne parfois qui estime que je me fais avoir, que je sue pour des gens qui n'en ont rien à foutre. Elle a sans doute raison. Mais c'est comme ça que je suis. Mais bon, si ma vie est en jeu... Je ne sais pas comment je réagirais. Cela me fait un peu peur. pour en revenir au film, ce qui fait froid dans le dos, ce n'est pas seulement le comportement des employés, mais bien aussi celui des employeurs restés dans l'ombre. Je me demande s'il y aura bel et bien une phase 2.


La mise en scène est soignée. McLean fait un très bon boulot : il parvient à dégager une atmosphère légère au début et puis à faire monter la tension, à créer un climat oppressant. Le gore est assez bien rendu. Les acteurs font du bon boulot, en plus c'est agréable de reconnaître les potes de Gunn (soit McLean est sympa d'avoir gardé ces gens, soit Gunn a réussi à les imposer). La BO est très chouette (les reprises apportent vraiment une touche ironique agréable). Le lieu manque un peu de personnalité : on trouve quelques idées sympas (la fourmilière, quelques accessoires kitschs) mais ça ne va pas assez loin, et c'est dommage.


J'en reviens à ce sentiment d'horreur. Ce qui provoque cet effrois en moi, c'est peut-être aussi le ton décalé du film. Malgré toute la violence gratuite montrée (encore que), les auteurs trouvent le moyen d'alléger la situation avec gags et musique décontractée. Un tel contraste fait froid dans le dos.


Bref, c'est chouette.

Fatpooper
8
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le 6 nov. 2018

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Fatpooper

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