La tour infernale
Depuis Le Loup de Wall Street, le genre de l'économie au cinéma a pris un nouveau tournant. En effet, on assiste depuis peu à une mutation d'un public à la fois avide de divertissement et en même...
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le 31 déc. 2015
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Depuis Wall Street (O. Stone, 1987), les films américains sur le monde de la finance abondent, plutôt normal venant d'un pays fondé sur le capitalisme et le libéralisme économique. The Big Short analyse les causes de la crise des « subprimes » de 2007-2008, la plus grande crise économique depuis la Grande Dépression des années 1930. Prévue deux ans auparavant par une poignée d'analystes financiers et de traders, le film regarde à la loupe ce moment historique vécu par les hommes à l'intérieur de la sphère financière.
Cependant, Adam McKay prend du recul par rapport à la véracité de la reproduction de cet événement : il est par ailleurs le créateur du personnage de Ron Burgundy, présentateur fictif extravagant du J.T d'une chaîne régionale (Présentateur vedette : La Légende de Ron Burgundy en 2004, Légendes vivantes en 2013). Il met en avant cette coupure nette des faits réels : des scènes hors de la diégèse présentant Margot Robbie ou bien Selena Gomez expliquer des principes du marché, de parfaites inconnues (ou presque) en 2005. Le film s'adresse donc bien au public américain (et mondial) d'aujourd'hui – qui connaît parfaitement les deux stars – qui s'est pris la crise de plein fouet et qui n'a toujours pas compris ce qui s'était passé il y a dix ans. Tous les personnages sont passifs : ils réfléchissent, ils décryptent les signes, ils essayent de comprendre où est-ce que ça va « merder ». McKay en prend le parti d'en rire mais toujours dans un état d'esprit pseudo-pédagogique : la voix off, les apartés où les personnages s'adressent directement au spectateur permettent une meilleure identification, les scènes « second degré » où des personnalités expliquent de manière imagée la situation… Au final, le film perd la dimension humaine de ces multiples personnages dans le flot financier, ce qui est presque (trop) logique. Le contexte est trop fort pour les personnages qui le vivent : ils sont réduits à leur métier, à une valeur comme dans le cours de la Bourse.
Interprétés avec brio par un casting 4 étoiles, chacun d'entre eux est tel un billet de banque, symbole de sa somme : Jamie Shipley et Charlie Geller (Finn Witrock et John Magaro) sont le billet de 1 $ sur lequel s'est fondé les plus grandes richesses : deux jeunes partis de rien connaissant la réussite ; Ben Rickert (Brad Pitt) est le billet de 5 $ : il est humain comme Abraham Lincoln, bienveillant et faisant partager son expérience de Wall Street ; Michael Barry (Christian Bale) est le billet de 10 $ où est apposé à l'arrière le Siège du Trésor américain : il est le génie lunaire qui considère les chiffres comme un art ; Mark Baum (Steve Carrell) est le billet de 50 $ : tutoyant les sommets par sa raison mais trop nerveux et cynique pour les atteindre ; enfin comme une personnification des États-Unis, Jared Vennett (Ryan Gosling) : l'ambitieux, le cher billet de 100 $, celui qui remporte la mise de ce grand échiquier, celui qui écrase les pauvres pour devenir plus riche.
That's America !!!
Ma critique de la bande-originale du film composée par Nicholas Brittell :
https://www.senscritique.com/album/The_Big_Short_Bande_Originale/critique/288667062
Créée
le 2 mai 2023
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