La tour infernale
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2008, la crise des subprimes. On en a entendu souvent des histoires autour de cette crise, et il y a eu beaucoup de désinformations. Il y a eu des films, des livres, des reportages, des documentaires, tous plus ou moins intéressants, et surtout tous plus ou moins percutants. Leur défaut principal à tous ? Ne pas être accessible, être des films "nobles" dont la plupart des spectateurs ne pigeaient pas un mot de ce qui était raconté. Ce film change-t-il la donne ? Oui et non.
Il a au moins un avantage bien supérieur aux autres: il nous montre la réelle violence de ce qui s'est passé, à quel point ce n'était pas "une crise" et à quel point ce monde marche sur la tête et a abandonné absolument toutes ses valeurs initiales pour ne les garder qu'en bâche pour recouvrir l'énorme tas de merde que constitue le système économique mondial. The Big Short est un film coup de poing, et vous en ressortirait avec un profond dégoût dans la bouche et le cerveau complétement retourné par la vision de ces êtres déconnectés qui jouent avec la vie des citoyens du monde pour leurs propres égos et portes-feuilles.
The Big Short raconte l'histoire croisée de plusieurs personnages, qui ont tous un point commun: Ils ont vu avant tout le monde arriver l'effondrement du système en 2008. Ils vont donc tous parier sur cet effondrement pour eux même se faire un max de blé et engranger le jackpot à la fin. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que ce coup de génie (bien aidé par la stupidité crasse, l'appât du gain et l'aveuglement cynique du monde de la finance) sera aussi le moment le plus triste de toute leur vie. Car leurs enrichissements personnels sera la preuve que le monde de Wall Street est le plus pourri et le plus corrompu qui ai jamais existé, et que c'est ce monde qui dicte sa loi sur le reste de la planète.
Chose intéressante, c'est le choix très prononcé d'une réalisation à base d'images fixes et de plans serrés qui donnent une impression d'improvisé, de captation sur le moment. A la manière d'une réalisation documentaire qui improvise et suit le cours des événements. C'est un excellent choix, car il souligne encore plus cet aspect totalement inattendu des révélations, et de la vérité qui éclate petit à petit au gré des découvertes.
Chose rare mais à souligner, le film montre bien que ce n'est pas la faute de quelques personnes, mais bien une logique de système qui a atteint son point culminant de désintégration soudaine. Ce qui incroyable pour un film américain, c'est qu'il souligne bien la nécessité de changer de système, ou du moins de le modifier complétement sous peine de voir cette situation se reproduire encore et encore.
Le film nous fait son récit et sa démonstration de façon ludique, à la manière putassière américaine très drôle. Ces passages où les stars jouant leurs propres rôles pour nous expliquer des trucs qui semblent compliqués alors que c'est con comme c'est pas permis, ça retourne assez intelligemment cet aspect cynique du vocabulaire financier, qui tente de noyer le poisson derrière des mots compliqués pour mieux empêcher quiconque de s'y intéresser de trop près. On a donc Margot Robbie dans sa baignoire qui vient nous parler "crédit subprimes" et Selena Gomez à la table de poker nous parler "paris financiers en échelle".
Mais le film n'est pas parfait, il commet par exemple quelques raccourcis qui le font passer pour un constat d'impasse et de déclin du monde inexorable. En effet, ce n'est qu'une phrase mais qui intervient à un moment particulier qui la rend marquante même si complétement fausse: "C'est la fin du capitalisme, on va retourner à l'âge de pierre". Grosse erreur, car le capitalisme n'est qu'un dérivé idéologique d'une société basée sur le commerce et l'échange. Seul erreur du film, qui le rend anxiogène à un point culminant qu'il nous donne l'impression qu'il n'y a aucune alternative. Même si l'alternative en question n'est pas le propos du film, il n'était pas nécessaire de faire dire ça à ce personnage de cette façon.
The Big Short, c'est en un film la conclusion de l’échec cuisant américain, de l'argent roi et d'un modèle de pensée. Un tout qui s'est perverti pour engendrer un monstre idéologique et cynique qui échappe à tout les êtres, inarrêtable dans sa folie destructrice.
J'aimerais réellement à titre personnel entendre parler Brad Pitt et Steve Carrell sur ces sujets, de façon sérieuse. Ils prennent depuis quelques temps des positions morales et politiques à travers leurs productions / rôles qui m'enchantent au plus haut point. Depuis The Office, Carrell semble attiré dans des rôles qui soulignent tout le mal-être de son pays et de son logiciel économique et idéologique. C'était l’aparté final sur deux piliers de ce film.
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Créée
le 5 janv. 2016
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