The Black Cat
4.4
The Black Cat

Film de Luigi Cozzi (1989)

Senscritique est l'occasion de faire découvrir aux autres des œuvres inconnues, voir inattendues. J'apporte déjà une pierre à ce beau projet avec De Profundis aka Demons 6 aka The Black Cat.

Tout d'abord, ce film n'a rien à voir avec la nouvelle de Poe. C'est une idée des producteurs qui voulaient passer un cycle d'adaptations de cet auteur. Ils ont demandé alors à Cozzi de rajouter un matou (étrangement celui-ci disparaîtra au milieu environ...) Alors, de quoi parle ce film ?
C'est en fait une exploitation du succès du grand ami du réalisateur, Dario Argento, le cultissime Suspiria. Un réalisateur veut en faire un remake, en donnant le rôle de la sorcière à sa femme. Mais la vilaine ne veut pas qu'on l'incarne et provoquera alors des cauchemars, des hallucinations et des morts violentes...

Au vu de la note, le lecteur verra que cette version ne tient pas la route face à Suspiria et Inferno. Cozzi (avec la complicité de l'ex d'Argento, Daria Nicolodi) reprend de façon opportuniste cette mythologie, mais avec des erreurs :
- la sorcière s'appelle Levana (et n'est donc pas une Mater...),
- le livre à adapter est bien Suspiria De Profundis de Thomas De Quincey et non comme dans Inferno "The Three Mothers" d'Edgar Varelli. A noter que dans ce film, l'oeuvre de Quincey est un livre sérieux et pour alchimistes, avec une écriture cabalistique (je n'ai pas lu la même édition!).
- ll n'y aura pas de jolies maisons baroques créées par Varelli pour les Mater. L'action du film se fera dans la maison moderne (laide) du réalisateur et de l'actrice.
- Il n'y aura pas de meurtres dignes d'un giallo (pour attirer le chaland, on verra un coeur explosé mais moins bien fait que pour Angoisse sur la ligne de Deodato).
- Il n'y aura pas de réalisation léchée mais un montage étrange où quand on évoque quelqu'un dans une scène qui n'est pas là, on voit cette personne en gros plan.
- Il n'y aura pas un directeur de la photographie digne de ce nom (rarement vu film plus laid visuellement!)
- Il n'y aura pas le moindre effet spécial réussi!
- Mis à part le thème joli quoique répétitif de Vince Tempera, la musique (principalement rock) est atroce, à des années lumières d'Iron Maiden ou de Norden Light. A noter l'utilisation 3 fois du thème de Suspiria comme clin d'oeil un peu trop appuyé.
- Et enfin le casting : Florence Guérin est médiocre, Brett Halsey n'est guère mieux, Caroline Munro n'est vraiment pas une bonne actrice et frôle encore à ce moment la quarantaine. Il y a juste 2 bonnes surprises : Urbano Barberini qui s'en sort un peu mieux malgré son look de bobo et son personnage insipide, et la présence au début du film de Michele Soavi comme réalisateur également.

Le pire, c'est que malgré toutes ses tares, et aux comparaisons avec d'authentiques chefs d'oeuvre, c'est que j'ai réussi à être fasciné par quelques scènes et à ne pas trop m'ennuyer sans pour autant plonger dans l'hilarité.
De Profundis est donc une étrange expérience, pour fans jusqu'au-boutistes de Suspiria. Il vaut mieux voir une conclusion à la trilogie des trois mères ratée par Cozzi que 18 ans plus tard par Argento lui-même!
Jibest

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5

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