Mine de rien, on commence à avoir une sympathique petite collection de chroniques de films russes sur DarkSideReviews. C’est un cinéma qui fait encore peur à beaucoup de monde, mais on voit malgré tout débarouler chez nous de plus en plus de films du pays de ce cher Vladimir Poutine. Ils arrivent la plupart du temps en DTV ou directement en VOD, et c’est fort dommage car certains mériteraient une sortie cinéma tant ils proposent un visuel vraiment travaillé. Alors après le Attraction de Rick il y a quelques jours, je vais à mon tour vous parler d’un gros film de science-fiction du pays de la vodka et des vidéos YouTube bizarres. Son nom : The Blackout (ou Avanpost selon les pays). Ses forces : son visuel et ses scènes d’action. On regarde ? Oui ! Car y en a plein le cul des superhéros en collants ! (Cette pique envers Marvel était parfaitement gratuite et injustifiée).


Mais replaçons les choses dans leur contexte. The Blackout est l’œuvre de Egor Baranov, jeune réalisateur qui a déjà entre autres pondu la trilogie Les Chroniques de Viy (2017-2018), qui avait envie de réaliser un film de SF qui pourrait être vendu à l’international afin de continuer à faire découvrir le cinéma russe à travers le monde et montrer qu’il n’a rien à envier à celui de l’Oncle Sam. Et pour ça, quoi de mieux qu’un bon gros blockbuster de SF. Et ça a marché puisque le film a été vendu dans pas moins de 90 pays ! Dans The Blackout, le monde va soudainement être plongé dans le chaos. Plus rien ne fonctionne, un peu comme si un champ électromagnétique avait tout désactivé. En une fraction de seconde, des milliards de personnes meurent soudainement. Seule une zone circulaire comprenant la partie ouest de la Russie, ainsi que des parties de la Finlande, de la Lettonie, de l’Estonie, de l’Ukraine ou encore de la Biélorussie semble ne pas avoir été touchée. Cette zone, qu’on appelle désormais Le Cercle de Vie, commence à s’organiser et va mettre en place des forces de frappe militaires car il semble qu’une menace rôde dans cette obscurité et qu’elle commence à s’approcher dangereusement de la zone. Des escouades armées s’organisent pour faire des expéditions, là où personne n’est jamais revenu, afin d‘essayer d’en savoir plus. Sur place, ils vont se faire attaquer par des hordes d’humains semblant avoir perdu la raison…
Il est clair quand on regarde The Blackout que le film va énormément mettre en avant l’Armée Russe, ses soldats entièrement dévoués à la Mère Patrie, qui n’ont peur de rien, qui obéissent au doigt et à l’œil, leurs armes sophistiquées. Les Russes, c’est les meilleurs, c’est d’ailleurs pour ça que le seul endroit qui peut encore résister à la menace se trouve en Russie. Oui, un peu comme les Américains. Bah oui, il n’y a pas de raisons que les codes ne soient pas les mêmes, même si c’est fait de manière encore plus frontale, encore plus brute. Mais c’est leur culture qui veut ça et c’est quelque chose qu’il faut arriver à mettre de côté si on veut un minimum apprécier The Blackout.


La première chose qui frappe dans The Blackout, c’est sa beauté visuelle. La photographie est absolument superbe, les cadrages très travaillés, et la mise en scène d’Egor Baranov a sacrément de la gueule. Même chose en ce qui concerne les CGI. En faisant en sorte qu’ils ne soient jamais clinquants, ils sont clairement au service des scènes d’action, et pas l’inverse comme on le voit beaucoup de nos jours dans les blockbusters américains. Et le pire, c’est lorsqu’on apprend au détour d’une anecdote sur le film qu’il est composé à 70% d’images faites par ordinateur alors que, hormis à une ou deux petites reprises, on n’a jamais fait gaffe à un seul fond vert. Surtout quand on voit le budget du film d’à peine 3.9M$US ! Et puisqu’on parle des scènes d’action, elles sont clairement l’autre atout du film. Il s’y dégage une réelle intensité, une réelle tension. Elles nous scotchent à l’écran tant le réalisateur s’attarde sur l’essentiel, ce qui leur donne un côté souvent épique. La scène du VBT fonçant sur la « foule » est à couper le souffle et nous scotche littéralement à l’écran. Alors il est clair que nous sommes ici dans un actionneur bien bourrin et que, donc, il ne va pas falloir s’attendre à un gros développement des personnages. Il est clair également que certaines scènes virent un peu à la caricature en alignant de gros poncifs du genre. Et il y a même un ventre mou nous laissant à penser que le film aurait gagné en efficacité avec bien 15 ou 20 minutes de moins. Mais le film fait preuve de tant de générosité en matière de visuel et d’action, tout en étant accompagné par une excellente bande son, qu’on lui pardonne aisément ces points noirs. Certes, ce n’est pas un grand film, mais c’est un sacrément bon divertissement.


Avec The Blackout, la Russie marche sur les plates-bandes d’Hollywood en matière de blockbusters d’action et de science-fiction. Bien qu’imparfait sur bien des points, le film nous en met plein les mirettes et on passe un très bon moment.


Critique originale avec images et anecdotes : ICI

cherycok
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le 10 sept. 2020

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