Lorsque Sofia Coppola décide de montrer la réalité : elle n’y va pas de main morte.


L’œil de Sofia Coppola peut rebuter au début, à l’heure que les cinéastes filmeraient les personnages dans leurs virées camera à l’épaule pour coller au plus prés d’eux, la cinéaste les filme à coups de plans fixes, de loin ou de très proche et puis dans une scène, nous embarque dans une fête où on est pris par la drogue de ce film : la musique, l’ambiance : on est dans cette fête et le retour sur Terre sera très brutal.


Comme dans son précédent film, la réalisatrice prend son temps, en fait, elle se grouille un peu là, le film, au montage un peu puzzle et amusant (on voit exactement deux fois les mêmes scènes au début et à la fin, parfois du même angle, d’autres d’un angle différent), quand Marc (Israël Broussard) se lit d’amitié avec une de ses camarades, c’est montré en flash-back, le temps de deux scènes très rapides, il se lie avec elle, c’est le début de la fin pour eux.


Tout les personnages aussi superficiels et immoraux soient-ils sont attachants, comme d’habitude la réalisatrice fait preuve de son humour pince-sans-rire, filme ses personnages sans les juger : elle raconte tout simplement une histoire, telle qu’elle as lue dans le "Vanity Fair", elle ne les juge pas, on reste jusqu’au bout pour savoir jusqu’où elle va nous raconter la destinée de ces personnages : elle nous raconte jusqu’où elle le sait, la cinéaste n’imagine rien, elle s’inspire de faits bien réels, qu’elle retranscrit dans son film avec son précision qui peut effrayer.


"Telerama" a écrit que Sofia Coppola montre que les personnages sont débiles, je ne suis pas d’accord, la cinéaste ne les montre pas comme ça : ils sont comme vous et moi (j'ai vu ce film à 22 ans), je me suis, comme souvent, identifié a ces personnages, les suivant dans leurs virées et je me suis dit : "Je pourrais faire comme eux moi, ça a l’air cool", avoir des trucs chers, stylés, les porter ou les vendre : ça a de la gueule mais au bout de plus d’une heure de film, Sofia Coppola nous ramène à la raison et nous montre qu’on peut aller en taule pour ça.


La facilité qui étonne même Marc avec laquelle les personnages entre dans des voitures de nuits à Los Angeles ou dans des demeures comme celles de Paris Hilton (le film est connu pour avoir été tourné dans les lieux mêmes des cambriolages notamment la vraie demeure de Paris Hilton) est assez impressionnante. Pas besoin de casser un carreau ou de fracturer les portières de voitures : une clé sous un paillasson ou une voiture laissée ouverte la nuit peut nous donner plein de possibilités : de l’argent, des fringues, des sacs, des chaussures, de la drogue. Et puis progressivement la cinéaste nous amène vers la chute, on sait ce qui va leur arriver mais comment ils en sont arrivés la, comment ils se font coincés.


Même vers la fin, soudain la réalisatrice et scénariste se met à nous plonger dans la réalité de cette jeunesse sans limites ou drogue et sexe sont de parties. Le film n’est pas choquant du tout, il est extrêmement vrai, précis et authentique. La cinéaste ne fait vraiment pas les choses comme tout le monde, elle ose même filmer un cambriolage de très loin, en plan fixe : on voit la maison et une vue sur Los Angeles, la caméra avance tout doucement et cadrant la maison.


Au début, le stress de Marc se fait vite oublier par cette prise : devenir accro à ces vols. Ils volent en connaissant les limites et les risques : ainsi le coup chez Lindsay Lohan n’a failli jamais voir le jour, car Marc et une autre de ses amies ne voulait pas, Rebecca à la tête du "gang" les incite et après une petite visite chez Rachel Bilson, ça sera fini.


Les acteurs, même Emma Watson impeccable et pleine d’autodérision, sont très naturels, ils ne jouent pas des personnages, on dirait qu’ils sont eux-mêmes. Sofia Coppola s’inspire d’un de ses cinéastes préférés, Gus Van Sant pour les filmer : même directeur de la photo d’ailleurs : avec distance, contemplation, elle filme les couloirs d’un lycée en travelling, des personnages marcher au ralenti et parfois à distance.


On pense à "Elephant" dans "The Bling Ring", Sofia Coppola manie l’ironie à merveille : ainsi visiblement tout ce que les protagonistes de cette bande font ce qu'ils font pour des raisons différentes. Elle retrouve ce truc magnifiquement utilisé dans "Virgin Suicides", qui est le narrateur, Marc, nous raconte le film et comment ils en sont arrivés la : même voix, posée, pour raconter l’histoire que dans "Virgin Suicides", Marc tente d’expliquer le comportement de Rebecca, il explique le sien : pour être plus populaire, avec un complexe d’infériorité (il ne se trouve pas "beau gosse"), en portant ces fringues chères, ces montres de luxe, il voulait devenir plus populaire, dans tout les cas, ils ont réussis.


Sofia Coppola à ce don magique de nous emmener dans des univers : ainsi quand Rebecca se met du parfum dans une scène, filmée au ralenti, elle nous emmène dans des trips, aidé par sa camera qui s’immerge par exemple dans une foule dansante ou dans une boite de nuit, on est avec eux, en train de discuter, de fumer des substances illicites, on est complices de leurs actes, ainsi à deux reprises, les protagonistes s’adressent a nous, Rebecca dans la scène d’ouverture dit qu’il est temps de faire les boutiques en nous regardant, à la fin dans la dernière scène Nicki nous regarde droit (elle est dans une interview a la télé), en disant qu’on peut la suivre sur son site internet et nous donne l’adresse de son site. C’est un peu nos amis, si on a leur âge, il est difficile de ne pas se reconnaître dans ces protagonistes, difficile même pour une heure trente de film, de ne pas vouloir devenir ami avec eux.


On est pris par ce trip : d’entrer chez les stars, voler des trucs, découvrir des choses incroyables mais bien vrai : Sofia Coppola nous montre sous nos yeux, ce que nous avons tous au moins une fois, eu envie de voir et envie de faire : pourquoi voler des célébrités ? "Ils ont ça, pourquoi moi je l’aurais pas ? Et ils sont apercevront pas...".


Les personnages sont très simples, ils sont pas tellement prises de tête. Mais au fur et à mesure des visites chez les stars, le stress augmente, notre corps bat de plus en plus et pour finir par être briser.
Le film, pour nous immerger, est aidé par sa bande-originale, extrêmement riche et variée, quasiment sans défauts et pas vraiment abondante ou lourde.


Comme tous les films de Sofia Coppola, il est un peu lent mais comme tous les films de Sofia Coppola : il est fascinant. On reste scotché a l’écran, on décroche parfois mais on reste fasciné par les actes, au cas ou on s’ennuierait, Sofia Coppola a toujours un tour dans son sac Louis Vuitton : elle balance une séquence qui nous réveille, un mouvement de caméra brusque, des répliques à couper au couteau, une découverte des protagonistes. On retrouve du "Marie-Antoinette" dans ce film : passionnée par la mode, Sofia Coppola filme avec un amour inconditionnel tant de paires de chaussures, de tenues hors de prix, de bijoux. Comme ces séquences de "Marie-Antoinette" sur des paires de chaussures, gâteaux et autres vêtements elle filme quasiment ces objets comme ces personnages avec une tendresse incroyable. Cette tendresse est aussi très ironique.


Sofia Coppola, pro de l’incommunicabilité, ici livre un tableau assez neutre, parfois étonnamment optimiste des relations entre parents et enfants : mais on revient toujours au même : soit les parents sont absents, soit ils sont avec vous et leur parler est source de difficulté On note cette scène hilarante ou Nicki est interviewée par Vanity Fair et sa mère à sa droite intervient pour répondre aux questions et Nicki lui dit : "Maman, tais toi, c’est Mon interview.".


Comme tous les personnages de Sofia Coppola, ceux de "The Bling Ring" sont dans leurs propres bulles : ils se comprennent seulement entre eux. Virtuose pour démontrer l’impossibilité de communiquer, la cinéaste laisse ses personnages se débrouiller entre eux, connaissant la cinéaste, il est probable que plusieurs dialogues ont été totalement improvisées.


Savoir aussi que la réalisatrice pour la crédibilité à fait rencontrer les acteurs principaux bien avant le tournage afin de se lier entre eux est rassurant : ainsi la complicité naturelle des interprètes, comme si ils s’étaient connus toute leur vie se voit fort bien a l’écran. Emma Watson avait même déclaré depuis le tournage, ils étaient devenus "meilleurs amis".


Par ailleurs, la cinéaste balance ouvertement une critique sur Hollywood, elle s’attaque formellement dans le film à Hollywood, à tout ce glamour merdique, ainsi en parallèle des faits des protagonistes, on suit les mésaventures de stars : Paris Hilton se rends à Las Vegas, tandis que Lindsay Lohan va en prison. Les faits remontent a 2008-2009 et la réalisatrice les montre façon documentaire. Le film est très documenté : autant de clichés, de magazines de mode, de photos de magazines peoples, de faits authentiques, montrant le cote sombre de la jet-set.


Merci Sofia Coppola de cette vision terrifiante qui nous fait dire de prendre garde a nos modèles et je me suis dit en regardant le film : "Je préfère admirer des personnes comme Jim Jarmusch ou Sofia Coppola.", plutôt que des Lindsay Lohan, ressembler à ses modèles : bonne idée, mais Sofia Coppola montre une jeunesse sans repères, ces personnes sont aussi des victimes : comme le dit Marc à la fin du film : "Mais ici en Amérique, on est jugés pour ça, personne ne comprends pourquoi on as fait ça, ils nous jugent, tous.", le dégoût de la célébrité, il aurait préféré être connu pour avoir fait un truc bien et non un truc illégal.


On sent tout de même une volonté de vengeance pour Sofia Coppola que ces objets chers valent très chers et pour les acquérir : il faut en payer le prix fort.


Elle aurait pu nous épargner la scène de Marc dans le camion pour aller à la prison ou la scène de verdict et nous laisser comme ça, sans savoir combien ils prendraient mais non elle continue.


Mais Sofia Coppola montre ces êtres désunis, presque brisés, détaches de la réalité, faire comme, vouloir devenir quelqu’un d’autre, ressembler a. Sofia Coppola est cruelle avec ses personnages, son film est dur mais il est authentique de part en part.


Le film fut flingué par les spectateurs (5,7 / 10 sur Imdb) mais ce don incroyable pour nous montrer ces choses dérisoires comme une demande d’ami sur Facebook ou l’adresse d’une célébrité ou une paire de chaussures qui semblent hyper importantes dans le vie des personnages nous rappelle le dérisoire de l’existence. Sofia Coppola réalise de nouveau un Très Grand Film, en dépit des gens qui s’obstinent a massacrer ses films qui ne les comprennent pas et ne veulent pas les comprendre ce dont la réalisatrice se sert pour s’en prendre à son propre public dans plusieurs scènes et répliques ironiques.

Créée

le 8 août 2021

Critique lue 51 fois

Derrick528

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