Faisant parler de lui en festival depuis quelques mois, les taglines de la bande annonce de The Bodyguard évoquait sans modestie aucune "the best action movie of the last 20 years" et "the new Bruce Lee coming". Rien que ça. Forcément, l'attente n'en était que plus grande, qui plus est quand le réalisateur est également l'acteur principal et le propre maître de ses cascades. Déjà à l'origine du film The King of Streets, Yue Song est un sacré personnage, car si sa maîtrise dans les combats est exceptionnelle, son narcissisme l'est tout autant. Il est à l'origine de toutes les taglines du film et n'hésite pas à surestimer grossièrement son film, surtout quand on a encore en tête le diptyque The Raid. Et on peut dire qu'elle est loin la réussite, la beauté et l'énergie des films de Gareth Evans. Pas d'inquiétude pour le cinéaste irlando-indonésien tant The Raid reste le modèle du film de combats du XXIème siècle, tandis que The Bodyguard se vautre lamentablement. Malgré les ridicules motivations du scénario, la trame narrative de The Bodyguard arrive tout même à tomber dans le rocambolesque. Rebondissements surréalistes, absence de psychologie des personnages, clichés à la pelle, autant d'erreurs d'écriture qui empêchent d'avoir une empathie pour l'histoire et pour le personnage incarné par Yue Song.
The Bodyguard est la preuve qu'un champion d'arts martiaux à la réalisation ne donnera pas un bon film d'art martiaux.
Mais si au moins, les combats en valaient la peine. Mais le montage épileptique et agressif empêchent d'avoir une bonne lisibilité dans les séquences d'action, tandis que les effets spéciaux post-prod agacent l’œil (les orages dans le ciel, un loup en 3D, etc.) . Et ce n'est pas les ralentis utilisés à l'excès qui feront la différence. Il faut néanmoins reconnaître à Yue Song qu'il est un excellent chorégraphe (même si certains mouvements prêtent à sourire) et qu'il est là son talent, et pas derrière la caméra. Sans compter que le cinéaste a jugé bon de souligner chaque séquence d'une musique lourde, dramatique et héroïque qui empêche The Bodyguard de bien utiliser le peu d'émotions qui se dégagent de l'intrigue. Le film, malgré lui, captive (et amuse) parce qu'il se noie dans la mélasse et les poncifs du genre. On lui sauvera tout de même certaines séquences de combat, notamment celles de fin dans l'entrepôt, plus maîtrisées et absolument impressionnantes. Au final, The Bodyguard est une déception, pire un très mauvais film. Mais le trop-plein de sérieux du cinéaste et son narcissisme en dehors du film en font un objet à part, surréaliste et involontairement drôle.
Critique à retrouver sur CSM, dans le cadre de nos chroniques journalières sur l’Étrange Festival 2016.