Je pense que le génie de Trey Parker et Matt Stone n'a pas de limites.
Déjà créateur d'un monstre trash mais tout aussi intelligent et culte qu'est South Park, ces génies de la télé (et du ciné) ont décidé de se lancer dans la comédie musicale à l'aube des années 2010; avec innocence et professionnalisme.
Leur idée de départ: une comédie musicale sur les Mormons (déjà bien décrié dans des épisodes cultes de leur série).
Mais qu'en est-il de cette proposition assez folle et inattendue pour le public et la critique de Broadway ?
Réponse: Un show qui est encore à l'affiche et qui tourne depuis maintenant presque 10 ans !
The Book Of Mormon plante le décor de deux missionnaires Mormon s'appelant Elder Price et Elder Cunningham. Deux personnes aux personnalités totalement opposées qui vont être confrontés à la réalité froide et militaire de l'Afrique; lieu où ils doivent prêcher la parole des Mormons et où ils doivent convertir quelques personnes.
Rien que dans ce résumé, on comprend que le duo n'attend pas pour être provoquant et incisif, voire même blasphématoire envers la religion Mormone... mais c'est bien son humanité grandissante qui surprend malgré des chansons radicales qui peuvent choquer.
Habitués aux chansons à l'humour noir dans South Park, le duo collabore avec l'un des plus grands compositeur/parolier de chansons originales Disney récentes: Robert Lopez (Coco; La Reine Des Neiges...). Cette équipe donne alors une soundtrack des plus osées pour une comédie musicale mais qui porte leurs fruits... vu que l'on finit le show avec le mal de ventre tellement on a hurlé de rire à chaque minute.
D'une parodie de "We are the World" à la dénonciation de l'homosexualité refoulée au sein de la religion, en passant par un titre descrivant l'Enfer d'un Mormon... Stone et Parker dépasse les limites de l'acceptable et de l'absurde, nous obligeant à accepter le choc et à rire.
On peut comparer The Book Of Mormon à un énorme épisode musical de South Park tellement l'intelligence d'écriture dépasse la situation absurde de la chose. Aux premiers abords, tout est impossible mais au final on s'attache et surtout on est face à un humanisme certes provoquant mais juste et joyeux.
Son duo de tête composée d'Andrew Rannells et Josh Gad marche très bien en force comique surtout dans des titres comme "You and Me... but mostly Me" (renforcé par la mise en scène ultra bossé de Trey Parker). Mais la révélation du musical est sans nul doute Nikki M.James (récompensé par un Tony Award) dans le rôle de Nabulungi; villageoise africaine qui veut croire que la religion peut la sortir de la vie de me*** que son village subit.
C'est aussi là que c'est percutant. Donnant une parole forte (tout en les détournant d'une main de maître) à des sujets forts comme la famine; la pauvreté; la guerre tuant les civils ou encore le sida. L'intelligence est de nous mettre dans la peau de ces missionnaires vierges de toutes ces informations (comparant l'Afrique au Roi Lion) et de nous choquer et questionner à travers des chansons d'une drolerie mais d'une noirceur extrême.
Provoquant. Trash. Blasphématoire. Hilarant. Intelligent. Humaniste. The Book Of Mormon est une grande surprise où la mise en scène et l'écriture ressemble à un épisode extra-large de South Park mais en encore plus bon.