Fable catholique et moralisatrice

Genre : Boîte à cons

Sur le papier, The Box avait de quoi séduire : une bonne idée de départ, inspirée d'une nouvelle fantastique de Richard Matheson, le réalisateur du surprenant Donnie Darko, et Cameron Diaz à l'affiche.

Au milieu des années 1970, un inconnu livre à une famille américaine de Virginie une boîte en carton contenant un bouton-poussoir rouge, semblable à celui qui déclenche le feu atomique. Le deal est simple : le couple a 24 heures pour décider s'il presse le bouton ou non. S'ils appuient, une personne qu'ils ne connaissent pas meurt et ils reçoivent un million de dollars. Sinon, l'inconnu au visage à demi brûlé reprend la boîte et passe la main à une autre famille, laquelle saisira sans doute l'occasion.

Le deal se transforme rapidement en dilemme pour les époux Lewis, incarnés par Cameron Diaz et James Marsden. Les fins de mois sont difficiles et ils aimeraient bien mettre leur fils unique, Walter, à l'abri du besoin. Leur situation financière est d'autant plus compliquée que la professeur de littérature se voit supprimer des prestations sociales et que lui, employé de la NASA, apprend qu'il ne sera jamais astronaute. Au bout d'une demi-heure, la femme (très original) a déjà pressé le bouton. L'essentiel n'était pas là.

Plutôt qu'à une parabole sur la culpabilité individuelle, The Box s'apparente à du catéchisme de comptoir. Celui qui appuie n'aime pas son prochain. Il sera irrémédiablement damné. Celui qui résiste à la tentation maléfique sera sauvé. Durant près de deux heures, Richard Kelly fait la morale à un spectateur infantilisé, à coups de lourdes métaphores religieuses. L'humanité est tellement mauvaise que le diable possède partout des « employés », y compris au sein des services secrets, ce qui rapproche vaguement, et vainement, The Box du film de complots.

L'ambiance fantastique ne prend jamais vraiment, malgré quelques fulgurances, comme ce père-Noël qui semble annoncer le jugement dernier en faisant tinter une cloche au milieu d'une route de campagne. Quant à Cameron Diaz, sa prestation fade laisserait penser qu'elle n'est brillante que dans le registre de la comédie. James Marsden, son mari à l'écran, n'est pas plus convaincant. Seul Frank Langella (l'inconnu) s'en sort honorablement.

Oubliés, l'audace formelle, l'histoire déconstruite, les personnages loufoques et le lapin géant de Donnie Darko, un des précédents films de l'auteur. Place aux délires new-age. Place au grotesque. Place aux téléporteurs d'eau purificatrice, à l'au-delà et aux lumières blanches de la révélation. La révélation d'une humanité toute pourrie, tout comme le film.
Soniclee
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le 29 août 2010

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