Les films d'épouvante se font rares dans nos salles de cinéma, alors lorsque l'un d'eux réussit à y être projeter, on fait l'effort de s'y rendre en espérant avoir sa dose de frissons. Par un heureux hasard, je me suis retrouvé à proximité de la climatisation. Grâce à elle, j'ai été pris de quelques tremblements nucaux, car si je devais attendre après le film..... Le réalisateur William Brent Bell est un habitué des productions du genre, on lui doit le navrant The Devil inside, entre autres. Il confirme sa non maîtrise de l'art de la peur, en ne distillant pas grand chose au cours de son intéressant, mais décevant nouveau film.
Greta (Lauren Cohan) est une jeune américaine, embauchée comme nounou auprès d'un jeune garçon dans un manoir isolé en pleine campagne britannique. C'est surtout un moyen de fuir son ex et de s'occuper l'esprit. Mais à sa grande surprise, le garçon va se révéler être une poupée en porcelaine. Elle va tout de même rester et prendre soin de ce garçon pas comme les autres.
Un manoir loin de tout où sévit une poupée, c'est flippant, non ? Seulement en apparence. Lauren Cohen connue pour être Maggie Greece dans la série The Walking Dead prête sa plastique à la caméra de William Brent Bell. Cela semble réducteur de parler de ses charmes et non de son talent d'actrice, mais le problème c'est que le réalisateur va souvent s'attarder dessus.
Dès l'introduction, le chauffeur se perd dans le décolleté de celle-ci. Une mise en bouche pour tenir le mâle en haleine, surtout qu'il va avoir de quoi se rincer l’œil par la suite. La tension se fait souvent ressentir dès qu'elle se ballade dans sa culotte en dentelle où en se savonnant sous la douche. Elle va même se faufiler dans le grenier seulement affublée d'une serviette. Qui ferait cela ?
Mais bon, elle n'est pas à sa première incursion incompréhensible. Lors de son entrée dans l'immense demeure, elle grimpe aux étages en demandant s'il y a quelqu'un plusieurs fois. Qui se permettrait de faire ça dans un lieu qu'il ne connait pas ? Cela peut sembler futile de pointer ce genre de comportement anormal, mais quand on a pas grand chose en terme de suspense où de terreur, on fait plus attention aux petits détails sans importance.
On est tout de même tenu en haleine, où du moins on attend de voir cette poupée prendre enfin vie. Elle est un peu timide et ne bouge que lorsque la caméra se détourne d'elle. Le réalisateur joue un peu avec le spectateur, ce n'est pas désagréable. Dès sa première manifestation, la nounou devient hystérique. Elle en fait un peu trop et semble un brin fragile, alors qu'elle est rapidement seule dans le manoir, vu que les parents du jeune garçon sont partis en vacances dans la mer.
L'atmosphère n'est pas angoissante. On est dans un lieu clos où l'immensité et la pénombre ne sont pas exploitées. On ne se sent pas à l'étroit dans notre fauteuil, on peut siroter son coca en toute décontraction, limite on a envie de se déchausser et de caler ses pieds sur le dossier de devant. Cette absence de tension est préjudiciable au film, où les effets éculés s'accumulent. On tente de nous faire sursauter lors des rêves, vu que la réalité est relativement calme.
On échappe pas à une romance avec Malcolm (Rupert Evans), l'épicier du village approvisionnant le manoir chaque semaine. Cela permet d'avoir un semblant de suspense et quelques dialogues pour passer le temps, vu que la poupée ne semble toujours pas très bavarde, malgré le temps qui passe. Cette absence d'originalité est un autre de ses défauts. Le cahier des charges est bien rempli, même si on échappe au chat (où rat, chien, pigeon, tartiflette, etc...) apparaissant subitement pour nous arracher un frisson.
Pourtant, malgré tout ses petits défauts, on se prend au jeu. L'idée est pas mal, même si l'exécution est maladroite. Malheureusement, tout s'effondre dans une dernière partie où le twist est surprenant. Du film pas vraiment d'épouvante, on passe à un slasher movie navrant. Cela devient risible et tout devient désespérément prévisible.
Il y avait un certain charme dans cette oeuvre à l'ancienne. Mais que pouvait-on espérer de la part de William Brent Bell ? Certes, à titre de comparaison c'est mieux que le nanar Annabelle, mais pas de quoi redorer l'image de la poupée terrifiante sur nos écrans. On ne sursautera jamais, ni on ne sentira la peur s'immiscer en nous. Pire encore, on va sourire et même rire, alors que ce n'était pas vraiment le but, face au naufrage final. On en sort déconcerté, en espérant que la terreur viendra un jour frapper à la porte de nos salles de cinéma, car cela fait bien longtemps, qu'elle est portée disparue.
On peut mettre le réalisateur William Brent Bell sur liste noire. Il a trop de navets à son palmarès pour croire en lui. C'est une bonne idée mal exploitée, lorgnant du côté des films d'épouvante des 80 et 90's : Halloween, Magic, Le sous-sol de la peur et autres œuvres plus où moins réussies. On oubliera rapidement ce garçon en porcelaine, en se demandant s'il est de Limoges où pas.