Ce film avait tout pour me plaire : j'aime les road-movies, j'aime les scènes de route sans rien d'autre pendant des heures (bon, des minutes disons) avec de la bonne musique en fond, j'adore Jackson C. Frank (dont la bande-son comprend un des plus beaux morceaux), je n'ai rien contre les films introspectifs et contemplatifs. Les très bonnes critiques sur ce site ont achevé de me convaincre... et j'ai été extrêmement déçue.
Et pourtant, c'est vrai, la séquence avec Milk and Honey en fond est splendide ; la scène chez les parents de Daisy est délicieusement américaine, comico-mélancolique.
Mais cela ne fait qu'ajouter à la déception finale, de la même manière que j'ai été d'abord charmée par les longs plans sur l'acteur/réalisateur en train de conduire, puis lassée de voir toujours son visage collé de très près à la caméra, puis franchement exaspérée par ce narcissisme. On le retrouve d'ailleurs, ce narcissisme, dans les rencontres de passage, lieu commun du road-movie, qui sont ici très peu et mal exploitées - mais le réalisateur est sans doute trop pris par l'introspection de son héros pour accorder aux femmes qu'il lui fait rencontrer une once de vie intérieure, de personnalité, ou même quelques lignes de dialogue un peu significatives.
Il n'est pas très étonnant que les critiques et les médias aient mordu au scandale de la scène de fellation, qui semble n'avoir été mise là qu'à cet effet. C'est donc la fin de la quête, autre passage obligé du road-movie, et sans doute le pire choix scénaristique possible pour l'amener.
Mais il faut bien faire parler de soi, et c'est après tout cohérent avec l'égocentrisme qui infuse l'ensemble du film. Dommage; il aurait pu être beaucoup plus que cela.