Il y a comme ça, de temps en temps, un film qui fait quasi l’unanimité des critiques et des spectateurs, et qui me laisse de coté. L'année dernière c'était La zone d’intérêt, film au formalisme très réussit mais qui m'avait paru d'un ennuie terrible, et cette année c'est donc The Brutalist, qui n'a même pas pour lui d'avoir un concept fort ou d'être visuellement une petite claque.
Et pourtant je m'étais installé dans la salle avec une vraie excitation de môme allant à Disney World, et je m'attendais à être bouleversé par un film plus grand que le cinéma, façon The Tree of life, prêt à visionner LA révélation de l'année est à plonger dans une saga comme on en voit quasi jamais au cinéma, prêt à traverser l'Histoire de l'Amérique et à me noyer dans un océan d'émotions... Mais en guise de parc d'attraction je me suis retrouvé devant un tourniquet rouillé, tournant en grinçant sous un ciel gris.
Pour être honnête, je n'ai pas trouvé le temps si long que ça (je me serai néanmoins bien passé de l'entracte qui est un pur artifice sans intérêt ni nécessité - enlevez le générique et cette pause, le film fait à peine plus de 3h), mais j'en suis ressorti avec cette impression désagréable de m’être fait avoir par l'enthousiasme incompréhensible de ceux qui l'ont apprécié.
Car, contrairement au film de Jonathan Glazer, qui de part son sujet et son dispositif m'avait quand même fasciné, je ne trouve à ce Brutalist que peu de qualité. Ni grandeur, ni décadence, ni souffle épique, ni page d'Histoire, juste une histoire d'amour entre un toxicomane et sa femme. Le Tsunami annoncé était en réalité une flaque d'eau.
Oui, on peut féliciter le réalisateur d'avoir fait si long avec si peu (le budget serait inférieur à 10M d'euros, là où, pour comparer, Danny Boon fait Raid Dingue, Hypercondriaque ou La Chtite famille pour environs 35M), et d'avoir su encrer son film dans une certaine réalité tangible, jamais cheap, créant une atmosphère particulière. Mais tout ça apparait bien factice et surfait quand, après 1h40 et cet arrêt forcé, un seul constat s'impose : le film est terriblement vide.
Et la suite ne va pas aller en s'améliorant, aucun arc narratif n'étant jamais aboutit. Pire, ça et là, une scène surgit qui tombe de nulle part, comme un cheveu sur la soupe, n'ayant pas été préparée ou anticipée d'un point de vue dramaturgique, donnant l'impression d'appartenir à un autre film, une autre histoire. Jusqu'à l’épilogue, aveu d'échec ultime, qui, tel un carton d'introduction d'un mauvais film, vient vous expliciter face caméra ce que le réalisateur n'a pas su mettre en images, ce que le scénario n'a pas su raconter : son véritable sujet, à savoir les enjeux cachés de la folie de cet homme. Loin d'être une révélation coup de poing ou un twist façon Sixième sens, il m'a fait l'effet d'un soufflé qui se dégonfle, d'un artifice de plus, conclusion expédiée en 2 minutes pour résumer 3h de film et 50 ans de vie.
Bref, même si je ne déteste pas le film, je le trouve, à l'image de sa conclusion, confus dans son écriture et bien pauvre en tous points, tant visuellement que narrativement, comme si tout cela était trop gros pour son auteur/réalisateur et qu'il s'était lui même perdu en route, comme son héros (par ailleurs complétement antipathique), persuadé de construire l’œuvre d'une vie alors qu'il n'aura créé qu'un château de cartes à sa propre gloire, que le souffle du temps balaiera avec indifférence.