The Brutalist
7.1
The Brutalist

Film de Brady Corbet (2024)

Un monument cinématographique… que j’aurais préféré visiter plus vite.

Devant ce film, j’ai eu la sensation d’être au musée, face à une œuvre d’art que tout le monde admire. Tu la trouves magnifique, mais tandis que tu aimerais changer de salle, les autres restent figés à la contempler…


Évidemment, le film a de nombreuses qualités.


Le premier tour de force du film est de nous faire croire à la véracité de l’histoire qui se déroule sous nos yeux. Il est construit comme le biopic de cet architecte hongrois fuyant l’Europe d’après-guerre.


Mais surtout, c’est assez hallucinant de voir une telle maîtrise visuelle avec un budget de seulement dix millions de dollars.

Visuellement, c’est un sans-faute, avec des plans millimétrés et ce rendu si particulier du Vistavision, offrant des images sublimes et un grain ancrant le film dans son époque.

De ce côté-là, c’est une déclaration d’amour aux films d’antan.

Le film enchaîne aussi les plans marquants, comme celui repris sur l’affiche avec la statue de la Liberté inversée, symbolisant ce rêve américain illusoire…

Il nous offre également quelques plans-séquences saisissants, avec notamment cette scène d’ouverture oppressante.

La photographie et le soin apporté au rapport d’échelle enfoncent le clou : c’est un vrai régal pour les yeux.


Autre énorme atout du film : son casting.

Bien sûr, Adrien Brody en tête, qui livre ici probablement son interprétation la plus saisissante, incarnant un personnage torturé, résilient et combatif. Et même si la polémique sur l’usage de l’IA pour améliorer son accent fait débat, il mérite certainement l’Oscar cette année. (En suivant ce raisonnement, faudrait-il remettre en cause l’interprétation de John Hurt dans ELEPHAN MAN sous prétexte qu’il était maquillé ?).

Guy Pearce et Felicity Jones ne sont pas en reste et impressionnent par la justesse de leur jeu.


Le film aborde de nombreux thèmes.

Bien sûr, l’architecture, mais ce n’est finalement qu’une façade. Il s’intéresse davantage au rêve américain et au mépris de classe, en passant par l’antisémitisme, l’ambition, le sacrifice ou encore les relations de pouvoir…

Bref, le film est extrêmement dense.


Et pourtant…


Malgré toutes ses qualités formelles, THE BRUTALIST ne m’a jamais réellement embarqué, et je suis resté en retrait face à sa proposition.

Le problème principal est qu’il ne m’a jamais touché émotionnellement. Malgré la richesse des sujets abordés, son ton froid et distant a rendu mon attachement aux personnages difficile. Et vu sa durée, c’est un vrai problème…


Car le film est très long, et j’ai clairement ressenti les 3h35 passer, même avec un entracte de 15 minutes au milieu.

Si sa première partie a su capter mon attention, la deuxième, malgré l’introduction d’un personnage féminin apportant un peu de sang neuf, m’a donné l’impression que le récit ne faisait que marteler les mêmes idées.

Pire encore, comme un aveu d’échec, il a besoin d’un épilogue pour expliquer ce qu’il n’a pas réussi à mettre en images, malgré sa durée. Et même si ce coup de théâtre fait son effet, il aurait été bien plus intéressant de voir ce thème réellement exploité dans la deuxième partie, plutôt que de ressasser ceux du premier acte.


Alors certes, sur la forme, c’est du grand cinéma, un film qui marquera probablement l’histoire du septième art. Il vaut vraiment le coup d’œil, mais je ne peux m’empêcher d’avoir un arrière-goût d’inachevé. J’attendais une fresque avec un impact émotionnel bien plus fort…


https://www.critiquesdunpassionne.fr

Créée

le 22 févr. 2025

Critique lue 10 fois

1 j'aime

1 commentaire

Critique lue 10 fois

1
1

D'autres avis sur The Brutalist

The Brutalist
Plume231
4

László au pays des méchants Américains !

Ce film, à peine sorti de la salle de montage, a reçu une avalanche d'éloges, de superlatifs, de comparaisons glorieuses aux plus grands chefs-d'œuvre incontestés du septième art, tout en ayant le...

le 13 févr. 2025

112 j'aime

19

The Brutalist
Yoshii
5

Edifice en carton

Accompagné d'une bande annonce grandiloquente, encensé avant même sa sortie par une presse quasi unanime, "The brutalist" se présente d'emblée comme l'œuvre d’un cinéaste malin, notamment par son...

le 10 févr. 2025

103 j'aime

31

The Brutalist
lhomme-grenouille
4

L'art abîmé de notre temps

Comme beaucoup, je pense, j’ai été attiré par la proposition singulière faite par ce The Brutalist. Un film de plus de 3h30 avec entracte, tourné en VistaVision, le tout en se référant directement...

le 13 févr. 2025

69 j'aime

8

Du même critique

Babylon
Critiques-dun-passio
10

Orgie cinématographique

15 janvier 2023, et déjà la certitude d’avoir vu ce que le cinéma nous proposera de mieux cette année…Damien Chazelle, après m’avoir déjà bluffé avec WHIPLASH et LA LA LAND, livre pour moi avec...

le 16 janv. 2023

15 j'aime

1

Empire of Light
Critiques-dun-passio
7

Lettre d'amour de Mendes

Avec EMPIRE OF LIGHT, Sam Mendes fait un retour aux sources en nous proposant un film intimiste, loin de ses grosses productions de ces dernières années.Après Chazelle et Spielberg, c’est à son tour...

le 4 mars 2023

12 j'aime

Joli Joli
Critiques-dun-passio
5

Une friandise de Noël qui manque de goût…

Cette comédie musicale de Diastème témoigne d'un amour sincère pour les classiques du genre, avec des références marquées à des chefs-d'œuvre comme LES PARAPLUIES DE CHERBOURG ou bien CHANTONS SOUS...

le 26 déc. 2024

10 j'aime

1