Bon. The Brutalist. Par où commencer ? Peut-être par cette impression étrange qu’on regarde un film conçu pour être disséqué dans un séminaire universitaire, entre une dissert’ sur l’impact du Bauhaus et une analyse existentielle du vide. Oui, c’est beau, c’est froid, c’est léché. Mais est-ce que ça nous touche ? Ça, c’est une autre histoire.
Dès les premières images, Brady Corbet annonce la couleur : il ne fera aucun effort pour nous faciliter la tâche. Caméra clinique, lumières à vous donner envie d’investir dans une lampe de chevet, et surtout, cette lourdeur qui pèse sur chaque plan comme si chaque brique de béton contenait un message philosophique qu’on n’a pas le droit de louper.
Le scénario, en gros ? Un architecte exilé tente de se reconstruire. Ça aurait pu être puissant, poignant, viscéral. Mais non. On a droit à des dialogues qu’on devine ultra-travaillés (genre "attention, citation à graver sur une plaque de marbre") et des regards si intenses qu’on se demande si les acteurs n’essaient pas secrètement de nous hypnotiser.
Parlons d’eux, d’ailleurs. Adrian Brody fait ce qu’il peut dans un rôle qui semble taillé pour un mannequin de musée de cire. Felicity Jones, elle, a visiblement décidé que l’émotion devait passer par des soupirs et des regards chargés de mélancolie intersidérale. Guy Pearce, fidèle à lui-même, apporte un peu de vie à l’ensemble, et franchement, merci à lui, sinon on frôlait la cryogénisation cinématographique.
Alors oui, c’est techniquement impeccable. Oui, l’image est superbe, la musique envoûtante, et oui, si vous aimez les œuvres où chaque plan crie "REGARDE COMME JE SUIS INTELLIGENT", vous serez servis. Mais au final, ça sonne creux. Comme un immeuble brutaliste abandonné, tout est là, la structure, l’ampleur, la force… mais l’âme ? Perdue quelque part entre deux murs de béton.
Bref, The Brutalist est une belle œuvre d’art.… mais comme toutes les œuvres d’art trop parfaites, on finit par la regarder de loin, en hochant la tête, sans jamais vraiment la ressentir.