" Nous allons mourir ensemble par amour "

Il existe des films sur lesquels on tombe par hasard un soir d'hiver, dont on ne sait rien ou si peu et qui d'un coup sans qu'on sache trop pourquoi, nous transportent : « The Bubble » est de ceux-là.

Découvert un soir sur Arte, inconnu au bataillon de mes films avant que la chaîne franco-allemande ne le diffuse, ce film est une vraie source de joie, d'indignation, d'amour et de combativité bref c'est un très beau film, de ces films auxquels vous pensez encore des mois après les avoir vu.

Ce film franco-israélien datant de 2007 et réalisé par Eytan Fox (nominé aux Césars pour « Tu marcheras sur l'eau ») raconte un instant de la vie de quatre personnages qui se rencontrent et vivent ensemble la période de leur vie la plus importante, la plus intense.

On pourrait résumer ainsi cette bulle, comme le dit un des personnages du film, « Tu es Jeanne Moreau, je suis Jules et nous allons rejoindre Jim puis nous allons mourir ensemble par amour », référence au film Jules et Jim, ce magnifique passage dans la voiture avec laquelle Noam et Lulu (prononcez "Loulou") sortent de leur bulle pour aller rejoindre Ashraf , celui avec qui l'amour est interdit par le conflit oh combien éternel entre Israéliens et Palestiniens. Elle se fait passer pour une journaliste, ils débarquent le jour du mariage de sa sœur. Une soeur qui a un peu du mal à avaler la pilule "homosexualité" de son frère mais attention ce film n'est pas sur l'homosexualité mais sur le combat, l'amour et le choix dans la révolte : violence, vengeance ?

Lui (Ashraf) vit dans une famille qui rejette et attaque violement l'autre camp. Eux, dans leur bulle musicale, festive et sexuelle, entame une résistance pacifique faite d'images et de slogans provocateurs.

Ils se rencontrent à un check point et tombent amoureux, le militaire vient rejoindre le disquaire dans la bulle Tel-Aviv, ils tentent de vivre ensemble malgré tout, ils s'aiment, doivent se séparer. Entre temps le meilleur ami, homo lui aussi, ramène pleins d'hommes à la maison, tombe amoureux, se sépare, bref lui vit à fond, ne comprend pas vraiment l'engagement (une jolie discussion dans la nuit près d'un frigo sur les risques à prendre pour la lutte)

Ils sont loin des réalités du conflit, c'est l'amour qui va les ramener à lui, qui va transpercer la bulle. Classique me direz-vous ? Parce-qu'on parle d'un amour rendu impossible par la religion, les familles et la guerre ? Justement, ici on en parle différemment, l'amour est explosif, il est inqualifiable, beau et pur, montré sous toute ses nuances (la sexualité est fortement présente dans ce film, sans jamais être gratuite).

Les deux personnages se croisent dans des fêtes, Ashraf est obligé de se faire passer pour un "local", ils sont longtemps séparés, prennent des nouvelles par les informations puis un jour l'autre réapparait dans la vie de son amour disquaire par la force des choses mais pour ne plus jamais le quitter car, après tout, comme le dit si bien Jeanne Moreau dans Jules et Jim :" Quand on s'est connus, quand on s'est reconnus. Pourquoi se perdre de vue, se reperdre de vue ? Quand on s'est retrouvés, quand on s'est réchauffés. Pourquoi se séparer ?"

Alors, ils décident de partir tous deux dans le « tourbillon de la vie » mais une vie explosive, on ne vous racontera pas la fin, contentez-vous de cette idée d'une fin « explosive », une fin étoilée et qui nous laisse immobiles longtemps devant notre écran, un combat acharné, une lutte impossible où même la plus solide des bulles (Tel Aviv en Israël) peut éclater à tout moment...