The Call
6.6
The Call

Film de Lee Chung-Hyeon (2020)

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Un thriller qui veut l'être jusqu'au bout, ce qui n'est pas forcément un bien.


Je divulgâche.



J'aime bien le cinéma coréen de ce que j'en ai vu. Même quand un film est cliché, y a toujours un petit truc qui fait que le résultat est quand même intéressant. Pour 『 The Call 』 c'est plutôt ça, y a deux trois éléments qui sont bancaux qui font que c'est pas banco mais ça reste quand même sympa.


L'image notamment : elle est quand même très bonne, très photographique par moments avec des plans larges sur des paysages magnifiques donnant bien l'envie d'aller s'installer dans le Pays du Matin Calme.
Les sensations attendues pour un thriller sont aussi bien au rendez-vous, avec un mélange intéressant de stress, de peur et d'angoisse. J'ai lu sur une autre critique que ce film parvenait à mélanger plusieurs genres à la fois parmi lesquels le film d'horreur — et c'est vrai qu'il y a quelque chose comme ça de sympa avec ce film (par contre la SF est moins sympa hein, mais on y reviendra).
Rien à dire sur le jeu d'acteur.


Un autre élément assez intéressant est la mise en garde quant à la portée de nos actions à travers le classique effet papillon. Un simple petit décrochage avec un renseignement donné, ou un simple couteau trouvé par terre, un simple petit rien peut avoir de très importantes conséquences sur le long-terme. Mais d'un autre côté, je trouve que la mise en garde est ici assez misanthropique ; je m'explique. Au début, Seo-yon veut juste discuter avec son interphonutrice, puis l'aider, puis même lui sauver la vie ; en somme que des bonnes actions. Ce n'est qu'après que Young-sook révèle son "vrai visage" (bien tambouillé de rituels chamaniques traumatisants cela dit) et devient une menace ambulante. Comment aurait-elle pu prévoir ce retournement de situation ? S'il y a un message ici, ce ne serait pas « fais attention à tes actions » mais « méfie-toi des inconnus », ce qui se comprend en soi mais qui ne veut rien dire non plus par essence, car un inconnu l'est toujours avant qu'on le connaisse — mais assez de philosophie ici. À plus y réfléchir, on pourrait aussi interpréter cela vis-à-vis des gens d'Internet avec qui on ne fait que converser par télécommunication, mais je n'étayerai pas cette idée ici.


Mais le vrai problème c'est la cohérence du tout. Par exemple, comment Young-sook a-t-elle pu survivre sans se faire choper par la police ? Et puis comment ça se fait que d'un coup les modifications temporelles aient une telle portée ? C'est abusé, surtout alors que même un putain de policier a été tué dans cette baraque. Le pire étant la surenchère avec tous les frigos présents dans le salon dont on se demande bien ce qu'ils contiennent et encore plus comment une chtarbée pareille a pu se les procurer incognito. On comprend bien que cette modification temporelle-là survient uniquement dans le but de faire s'affronter directement les deux protagonistes… C'est dommage, car l'idée de combats interposés et d'embuscades à travers le temps était sympa.


Mais parlons-en encore des modifications temporelles. Leur impact survient aléatoirement, ce qui nous fait nous demander exactement comment fonctionne tout ce schmilblick déjà assez perturbant en soi : parfois les modifications sont instantanées, parfois non et font place à des changements de décor qui nous rappellent 『 Interstellar 』 autant par les effets spéciaux qui morcellent atomiquement les éléments du décor que par leur apparence de magique quantique. La différence est que dans 『 Interstellar 』, des explications scientifiques — perchées certes — étaient données, alors que là c'est réellement juste "c'est magique ta gueule".


Et la fin… si expectée, si clichée. Imagine tu tombes d'un étage, t'as la tête qui saigne bien comme y faut et tu te relèves tranquille ; on se croirait dans 『 1917 』. Mais ce n'est même pas tellement la survivance de la chute qui me gêne que le fait même qu'une survivance ait lieu, en ce que ce choix scénaristique était bien trop téléphoné et gratuit. Au final, ce thriller veut tellement en être un qu'il en devient nanardesque sur les bords. Je transmettrai un conseil lu sur une autre critique : ignorons cette fin intragénérique.


Alors 『 The Call 』 c'est sympa oui, l'histoire est prenante et la magie du thriller provoque les sensations de tension expectées ; mais en même temps, on se pose constamment des questions sur le fonctionnement de cet univers coréen bien particulier qui nous font décrocher (mais pas le téléphone haha !!). Un thriller qui veut l'être jusqu'au bout, ce qui n'est pas forcément un bien.

Byorne
5
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le 10 févr. 2022

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