Christian est producteur de cinéma et amoureux de Tara. Celle-ci convainc Christian de choisir Ryan, pour le rôle principal de son prochain film. Mais le comédien entretient une liaison avec Tara, que Christian, jaloux, découvre. Il décide de se venger en piégeant les deux individus, de manière sexuelle ou violente…
Cette intrigue mise en place dans un Los Angeles froid et désincarné semble plus appropriée à un scénario de film porno, qu’à un long métrage de bonne facture. La figure de James Deen illustre parfaitement cette frontière très fine, que le film semble tant bien que mal de maintenir. Au-delà de l’intrigue, c’est un monde en mal d’aura qui frappe ces personnages de « seconde zone ».
Les plans d’ensembles des cinémas vidés de ses spectateurs en ouverture propulsent le film directement dans un monde en perdition et sans perspective. En effet, Paul Schrader est depuis longtemps un observateur des contradictions de l’Amérique. Partagée entre la conscience de ses valeurs morales et ses excès de liberté, le fantôme des seventies plane dans cet idéal californien, plus proche à présent de la télé-réalité. Aidé par un scénario écrit par Bret Easton Ellis, le cinéaste américain met en scène un théâtre de surveillance, accompagné d’une atmosphère érotique.
Néanmoins, son ambition plus que louable est servie par un casting sans saveur. On pardonnera l’approximation du jeu de l’étalon James Deen, parfois inspiré, mais davantage présent par la mécanique de son corps.
La vacuité du jeu des acteurs, soumis à des dialogues très lourds, est parfois sauvée par l’inspiration du cinéaste, notamment le magnifique plan de l’affiche du film, dans lequel, Lindsay Lohan s’allonge sur un lit en attente de ses partenaires sexuels. Vient ensuite la scène de sexe, placée dans un cadre étrange grâce à la lumière colorée imprégnant les corps.
Un film instable mais tout compte fait passionnant, son regard pessimiste expose avec justesse les nouvelles modalités du monde contemporain. Outre, un manque total de maîtrise sur son œuvre, Schrader reste un cinéaste à part, toujours passionnant à suivre.