Grand Canyon et petit film
Il faudrait vraiment détester le cinéma pour porter ce film aux nues, j'en conviens. Mais je me demande s'il n'est pas également nécessaire de le haïr (le cinéma) pour le descendre (ce film) comme beaucoup l'ont fait.
C'est sûr, le montage est aussi moisi qu'un roquefort laissé dans une boite de pétri pendant trois ans, Lindsay Lohan est plus proche du Razzie que de l'Oscar, James Deen jouait mieux dans certains pornos qu'ici, le reste du casting a du être pistonné par l'assistante de production (ah si, la bonne blague, Gus Van Sant en psy, qu'est-ce qu'on se marre) et la BO est aussi subtile que le serait une patate trop cuite sur un sushi de Jiro, mais - parce qu'il y a un mais - c'est quand même plaisant de voir du cinéma US indé faire autre chose que du Sundance-cliché ou de la course à l'Oscar.
Malgré ses nombreux défauts, le film est pétri (pas comme la boîte) de bonnes intentions, habité par une ambiance évanescente qui résulte de l'incapacité de Schrader à installer la tension comme il le voudrait, de quelques belles idées de mise en scène et parfois même de rares moments de bravoure.
Si vous arrivez à passer par dessus une Lindsay Lohan aux tétons aussi pointus que son visage est boursouflé et que vous supportez de voir du cinéma américain qui prend quelques risques (et qui se casse la gueule), vous pourriez bien découvrir la vérité :
Le Grand Canyon, même quand on tombe au fond du ravin, ça fait une belle vue. Il suffit de regarder vers le haut.