Avant que le Reich ne disparaisse dans les ténèbres, voici venir le tribunal d'exception Herold.

Nous sommes en 1945, 15 jours avant la fin de la guerre. Le chaos se répand en Allemagne et les armées du III ème Reich plient face à la poussée russe. Un jeune caporal déserteur usurpe l'identité d'un capitaine et crée un tribunal d'exception chargé d'exécuter les détenus de droit commun.

The captain-L'usurpateur est une production internationale, réalisée par Robert Schwenke.
Le film narre l'histoire vraie, et inspirée de faits réels, d'Herold, jeune caporal en fuite -très culotté- qui met la main sur les effets personnels d'un capitaine gestapiste et se fait passer pour lui. Il prend la tête d'une poignée de déserteurs allemands rencontrés en cours de route et procède à l'élimination physique de détenus de droit commun, prisonniers dans un camp allemand.

The captain est un film puissant et terrible sur la fin de la deuxième guerre mondiale. Filmé en noir et blanc, le film repose sur une succession de scénettes dans lesquelles Herold, l'anti-héros du film se livre à des coups de poker menteurs permanents. Ce bluff aura des conséquences dramatiques pour ceux qui croisent sa route, tant ceux qu'il décidera de faire trépasser que ceux qu'il entrainera dans sa chute.

Fort opportunément, le film revient sur les divergences de principe connues entre l'armée allemande et la Gestapo créée par Himmler. Lorsque Herold, qui se prétend en mission spéciale envoyé par Hitler, décide d'exécuter séance tenante et sans procès les 90 détenus du camp, les gradés du Reich postés au camp s'opposent à cette décision. Ils n'auront pas gain de cause, les gestapistes trouvant les relais pour faire avaliser la décision d'extermination...

Les images réalisées autour des fosses d'exécution sont, sur ce point, impressionnantes dans leur froideur et leur inhumanité. Elles rappellent d'ailleurs les images d'archives filmées en 1942 en Europe de l'est avant que ne soit mise en oeuvre la solution finale envisagée par Heydrich.

L'imagination cruelle et la perversion du jeune Herold sont sans limites lorsqu'il fait jouer sur scène, un soir au camp, un duo d'acteurs comiques faisant parti des condamnés à mort et qu'il les contraints d'abattre dans la foulée certains de leurs coreligionnaires.

La folie est contagieuse, tout comme le péché, lorsque l'on voit Freytag, l'ordonnance du pseudo capitaine Herold, initialement réservé sur les agissements de son patron, lui emboiter par la suite le pas sans réserves et se livrer, avec le groupe, aux pires exactions.

L'ambiance du film bascule dans le baroque, particulièrement lors du bombardement du camp par l'artillerie anglaise ou lorsque lors de sa dernière étape, le tribunal arrive dans une ville qui attend avec soulagement "l'envahisseur" (le libérateur britannique ou américain) mais voit débarquer ces militaires défroqués qui se livreront là à leurs derniers méfaits avant leurs arrestations dans une ambiance des plus décadentes.

On peut souligner le casting impeccable du film (Max Hubacher, Frederick Lau et Alexander Fehling) ainsi que l'excellente bande originale electro grinçante de Martin Todsharow.

Si l'habit ne fait pas le moine, il révèle parfois le monstre.

Ce film est plutôt recommandé à un public averti en raison de ses images dures et sans concessions.

Ma note: 8/10