At last.
Bon ok, c'est vachement bien. Et pourtant, je vous jure, vous me saoulez avec vos films glauques qui ne peuvent pas s'empêcher d'aller aux plus bas instincts pour réveiller quelques sentiments forts,...
Par
le 10 févr. 2013
129 j'aime
32
Au moment de la rédaction de cette critique, votre serviteur est particulièrement impliqué dans la re-découverte du cinéma coréen. La proximité de mes visionnages de Memories of Murder et The Chaser permet d'emblée l'établissement du constat de la radicale opposition de ces deux films.
Même s'ils partagent la thématique de notre rapport au mal polymorphe dans tout ce qu'il a de cruellement ordinaire, The Chaser n'est pas un wodunit. Un des tours de force du premier film de Na Hong Jin est justement de livrer à la police, par un concours de circonstance, le dément et ses aveux dès la première demi-heure. The Chaser préfère se concentrer sur l'urgence. D'une part l'urgence de trouver les preuves de la culpabilité de Young-Min pour interrompre sa folie meurtrière et d'autre part l'urgence de retrouver sa dernière victime avant qu'il ne soit trop tard.
Comme Memories of Murder, The Chaser dresse le portait au vitriol d'une police brutale, corrompue et impuissante face à la figure du monstre moderne froid et implacable. Difficile d'imaginer plus cynique un film dont le seul véritable vecteur de progression est un ex-flic, corrompu jusqu'à la moelle, dont la seule implication semble être le recouvrement des pertes engendrées par la disparition de ses gagneuses. Considérer Joong-Ho comme un anti-héros est une erreur, il n'est qu'une vulgaire "ordure" qui tentera de se racheter une conscience tardive.
Aussi sordide que rugueux, The Chaser est un film viscéral qui prend le tend d'installer une incroyable tension. Porté par une réalisation extraordinaire et frontale, ce jeu de pistes désespéré dans un quartier poisseux de Séoul ne cherche pas à ménager son spectateur, quitte à le plonger dans un état de malaise et de nervosité étouffant.
Associé à un montage exemplaire, le score participe grandement au développement de la dimension anxiogène du film, de la simple conversation jusqu'à une explosion de violence succédant à une poursuite au rythme effréné.
Film coréen oblige, l'intrigue est émaillée ça et là d'humour noir et de gags potaches savamment dosés, soupapes salvatrices pour palpitants sur le point d'exploser, sans que cela ne désamorce pour autant la tension du récit.
D'un pessimisme extraordinaire, nihiliste jusqu'au bout des ongles, The Chaser avorte finalement cette quête de rédemption absurde d'une volée de coups de marteaux, parachevant l'immersion de son personnage principal dans un océan insondable de violence amère. Le chasseur vivra avec le poids de sa propre culpabilité et de ses échecs. Na Hong Jin interroge directement le spectateur sur son rapport à la violence : pour arrêter un monstre, êtes-vous prêt à en devenir un et en accepter les conséquences ?
The Chaser est le vertige d'un regard fasciné au plus profond de l'abîme.
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films coréens, Parce qu'un top 10 de films c'est complètement con... et Une année, un film
Créée
le 18 avr. 2018
Critique lue 807 fois
2 j'aime
D'autres avis sur The Chaser
Bon ok, c'est vachement bien. Et pourtant, je vous jure, vous me saoulez avec vos films glauques qui ne peuvent pas s'empêcher d'aller aux plus bas instincts pour réveiller quelques sentiments forts,...
Par
le 10 févr. 2013
129 j'aime
32
Présenté notamment au festival de Cannes en 2008 (où il connut une standing ovation d'une dizaine de minutes) et à Deauville en 2009, The Chaser fit l'effet d'une véritable petite bombe pour ceux et...
Par
le 13 févr. 2016
107 j'aime
1
La course poursuite infernale d'un ancien détective, devenu proxénète, pour tenter de retrouver l'une de ses "filles" enlevée par un maniaque sexuel. On est d'emblée saisi par le rythme percutant du...
Par
le 27 juil. 2011
96 j'aime
39
Du même critique
Trente-deux heures. Il m'aura fallu trente-deux heures pour arriver aux crédits de Sekiro : Shadow Die Twice. Trente-deux heures en deux jours, pour être plus précis. Je viens de vivre une tranche de...
Par
le 27 mars 2019
47 j'aime
22
Relecture pulp décomplexée du précurseur des jeux d'action à la première personne - que beaucoup prétendent adorer mais auquel personne n'a jamais véritablement joué - The New Order, malgré une...
Par
le 6 nov. 2017
25 j'aime
2
Genre phare de 2018, mais pourtant déjà largement saturé, la famille des Battle Royale n'a cessé de s'agrandir, accueillant toujours plus de rejetons, pas nécessairement bien portants. Largement...
Par
le 12 févr. 2019
22 j'aime
6