J’ai été passionnée par ce film qui s’apparente à un film d’horreur. Non pas dans le registre fantastique, mais dans le registre hyper réaliste de la vie réelle, ce qui est d’autant plus « horrifique ». J’ai été passionnée parce que le film reflète avec authenticité l’expérience du travail en cuisine. La raison est simple, le réalisateur a travaillé pendant 12 ans dans le milieu, en partant du bas de l’échelle jusqu’à devenir chef de cuisine. Il sait de quoi il parle !

Dans cette cuisine nous trouvons tous les représentants de l’espèce humaine au travail, par exemple : les piliers, les tire-au-flanc et irresponsables, les nouveaux un peu perdus, la bornée qui ne fait aucun effort de compréhension et se fait détester du personnel. Tous les personnages sont bien campés et ne tombent jamais dans le caricatural. Du côté des clients, nous avons aussi de beaux représentants de l’espèce humaine. Il y en a certains à qui on souhaiterait juste donner de bonnes baffes !

Boiling Point nous rend spectateurs de ce moment où le stress en cuisine est à son pic, où il faut répondre à la demande des clients, les satisfaire, gérer les problèmes divers et être efficace. La tension entre cuisine et service en salle est particulièrement bien rendu. Cette expérience particulière de pic du stress, dans laquelle nous plonge le film est d’ailleurs annoncée dans le titre.

Au centre de ce petit monde, il y a le chef, un homme fatigué, usé, dépassé, arrivé à la limite de ses forces et nous assistons à son calvaire jusqu’à la dernière minute du film. Chef magnifiquement rendu par le jeu de Stephen Graham, crédible et convaincant. On est pris de pitié pour lui.

Boiling Point est un film dans lequel nous savons très peu de choses des personnages. Ils ont pourtant une épaisseur réelle, non pas grâce à leur histoire, mais à travers leur comportement dans la gestion des situations.

L’expérience immersive du film est renforcée grâce au choix de tourner le film en un seul plan séquence. Une prouesse pour penser chaque déplacement et mouvement de la caméra et des acteurs à l’intérieur de l’espace restreint d’un restaurant. Cela a nécessité de chorégraphier tous les mouvements des acteurs. C’est une sacrée réussite.

Le film s’ouvre dans le noir total : seul résonne une voix masculine qui parle au téléphone puis l’image apparaît et nous voyons le visage tiré du chef de cuisine. Il se termine aussi dans le noir total tandis que des voix résonnent et marquent la fin de l’histoire ! On en sort sonné !

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le 18 mai 2022

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abscondita

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