The Childe
6.4
The Childe

Film de Park Hoon-Jung (2021)

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The Childe, encore un film génial réalisé par Park Hoon-jung

Bon, venant de Park Hoon-Jung, il est clair que l'on ne pouvait pas s'attendre à un rom com. Pour cela, au moins, on est tous d'accord. Bon, quoi que, parfois des réalisateurs, acteurs, compositeurs ou autres dévient leur trajectoire plutôt prévisible pour s'aventurer dans de nouveaux exploits. Mais bon, c'est assez rare car la plupart préfère rester dans une zone de confort gardant le spectateur, lui aussi, dans un terrain connu. On ne se dit pas, tiens, j'ai envie d'un truc romantique, je vais aller voir un film de Park Hoon-Jung…

Initialement intitulé Sad Tropic, le 30 novembre 2022, Next Entertainment World a annoncé le nouveau titre sous le nom de The Childe. "Childe" est un terme provenant du vieux anglais qui veut dire "jeune de noble naissance", alors que le titre en coréen pourrait se traduire par "scion, jeune branche destinée à être greffée". Ce titre, aussi intrigant que l'affiche avec Kim Seon-ho tenant un pistolet (oui oui, notre cher Kim Seon-ho qui n'a jamais fait de mal à une mouche), en plus du réalisateur, bien sûr, nous amène à regarder ce film avec plein d'espoir. Il est sûr qu'avec une telle affiche, on ne s'attend pas à voir Laura Ingalls en train de sauter dans sa prairie mais là, ça va au-delà de toutes nos espérances. Surtout et par-dessus tout quand on regarde le teaser.

The Childe fait partie de ce genre du cinéma sud-coréen comme "The chaser" ou "No mercy" entre autres, où il s'agit de courir au point où l'on finit par craindre que le pauvre poursuivi, finisse par mourir d'une apoplexie avant de se faire tuer par les méchants.

Tout le monde en a après le pauvre Marco. Toutes ces poursuites, toutes ces bagarres absolument maîtrisées par une parfaite esthétique, toute cette énigme centrale qui anime la trame, tous ces éléments auraient pu nous lasser, paradoxalement. C'est bon tout ça, mais au bout d'un moment on voudrait savoir pourquoi tout le monde court derrière ce jeune homme. Mais c'est là qu'on prend conscience que le réalisateur aime les personnalités fortes et que, avec un Kim Seon-ho qui nous mène par le bout du nez et un Kim Kang-Woo, aussi charismatique que d'habitude, il est impossible de décrocher.

Kim Seon-ho, acteur qui nous a toujours habitué à des rôles de gentil et de beau gosse parfait, se présente à nous comme un tueur à gages doublé d'un psychopathe sans scrupule qui aime bien sourire et qui a ses manies. Le réalisateur a eu raison de croire en lui car, ainsi que nous l'avons mentionné en début d'article, ce n'est pas évident pour un artiste de quitter sa zone de confort et de changer de trajectoire. Le personnage en soi donne la chair de poule. Il tue avec un sourire enfantin aux lèvres, sans la moindre trace de folie ou méchanceté. Il boit du Coca-Cola à la paille, l'air d'un gosse de cinq ans, n'aime pas se décoiffer et est doté d'un humour très particulier qui ne fait rire que lui, de toute évidence. Mais qu'est-ce qu'il veut à la fin ? Mais qu'est-ce qu'ils veulent tous ?

Kim Kang-Woo est toujours aussi crédible, que ce soit dans le rôle d'un plouc, de l'assassin de sa femme et même lors de cette scène terrible où il couche avec Mme Youn Yuh-Jung (The Taste of Money). Dans de tels rôles, nous n'aurions jamais osé comparer Kim Seon-ho à Kim Kang-Woo, cette force de la nature dont la présence donne toujours un relief et une force incroyable aux films dans lesquels il joue. Et pourtant. Tous les deux prennent les rênes des scènes qui auraient pu s'avérer chaotiques, épousent parfaitement les jeux de la caméra. Ce méli-mélo de bagarres, de gens qui courent, d'autres qui s'entre-tuent, de quelques clichés, de ce jeune homme qui cavale dans tous les sens, de clones en costard, des litres de sang… tous ces éléments s'embobinent autour de ces deux acteurs rendant la séquence nette et dépourvue de toute confusion. Et c'est magnifique.

Paradoxalement et malgré son stress, c'est Kang Tae-joo, celui qui court, qui apporte une note de légèreté au milieu de l'intensité électrique créée par les deux piliers dont on vient de vous parler. Si tous les deux semblent des descendants du Terminator, Marco est le seul à se comporter comme un humain. Il court, se défile, trouve toujours le moyen de s'échapper. Ce pauvre "kopino" (métisse coréen-philippin), dont la condition de bâtard et de sang-mêlé le rend fragile et vulnérable aux yeux de tous ceux qui sont déterminés à le choper, s'avère être un jeune homme plein de ressources qui veut absolument échapper à toute cette folie inexplicable qui le poursuit. Même si il s'agit de son premier film et qu'il n'a que deux dramas à son actif, il est indéniable que Kang Tae-joo a un avenir plus que prometteur.

Go Ara n'a qu'un petit rôle, du moins on ne la voit pas beaucoup sur l'écran, mais elle apporte une touche féminine à autant de testostérone et confirme cette habitude du réalisateur de confronter trois personnages. Chacun poursuit Marco pour une raison différente, provoquant une lutte de pouvoir et un désir de contrôle, qui accentuent cette violence propre des films de Park Hoon-jung. Une interprétation quelque peu clichée, avec ses lunettes de soleil et sa cigarette, mais elle arrive aussi à alléger l'intensité de l'action. Par contre, nous ne sommes pas sûrs que ce soit voulu, car elle manque légèrement de consistance.

Park Hoon-jung est le scénariste de "J'ai rencontré le diable". Impossible d'oublier ce fait quand on constate la qualité de ses films. Ce scénario, aussi complexe qu'innovant, aura marqué la première fois que Kim Jee-woon ait réalisé un film écrit par quelqu'un d'autre et ouvrira beaucoup de portes à Park Hoon-jung par la suite. Réalisateur (et scénariste aussi) de New world, VIP, Night in Paradise ou le génialissime The Witch, il nous offre un film d'action bien noir, comme il les aime et comme on les aime mais, cette fois-ci, il donne une touche d'humour qui nous rappellera l'ambiance de Pulp Fiction. Tarantino qui s'inspire des films asiatiques, des films asiatiques qui s'inspirent de Tarantino, ça en vaut vraiment le détour.

Les séquences d'action de The Childe sont visuellement époustouflantes et intenses, comme la disposition parfaite dans un tableau. Nous ne pouvons pas nous empêcher de penser au film "Le secret des poignards volants" du réalisateur chinois Zhang Yimou, grâce à l'incroyable esthétique. Cette disposition soignée, l'ambiguïté des personnages, la complexité de l'histoire, la photographie des espaces intérieurs et un montage méticuleux, dynamisent l'intrigue et intensifient le suspense. Un vrai régal.


Cooleur_Asia
8
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le 30 août 2023

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Cooleur Asia

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