Mauvaise com'
Les films se centrant sur l'émergence des nouvelles technologies dans notre quotidien, l'évolution des réseaux sociaux et la mort imminente de toute forme de vie privée sont monnaie courante, et ce...
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le 8 juil. 2017
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Parfois, la vie vous offre un cadeau. En lançant The Circle, avachi dans mon fauteuil devant Netflix, j'avais pour projet de lancer une soirée sous le signe de la médiocrité, de glisser souplement vers le non- être, ma raison s'anesthésiant tranquillement devant un film qui s'annonçait parfaitement anecdotique. Un saut délicieux vers l'abrutissement consenti comme on en fait tous, gâchant ainsi méticuleusement les 2 heures de liberté que notre condition nous laisse chaque jour.
Mais l'univers en a décidé autrement. Car the Circle n'est pas un film quelconque, c'est un diamant brut de nullité. Une aberration complète, une singularité cinématique totale, un cygne noir de l'échec, bref un machin qui réussit l'exploit de râter absolument tout ce qu'il entreprend (les choses entreprises n'ayant d'ailleurs aucune raison de l'être en premier lieu).
Ça en est stupéfiant... Là où cela devient franchement cocasse, c'est que non seulement le film est un affront au divertissement, au cinéma et à l'intelligence humaine en général mais en plus, cette médiocrité se déploie sur un domaine que personnellement je vomis tout particulièrement : l'univers des GAMAM et le milieu de la big tech. J'avais déjà failli mourir devant the Internship, qui reste à ce jour l'une des œuvres, pardon, l'une des publicités que j'abhorre le plus AU MONDE. Mais le vaccin était visiblement périmé, il fallait la piqûre de rappel... On empile donc de l'infâme sur de l'infâme, un peu comme de la Marmite sur du pain rassis (et sans sel).
Mais je m'emporte, décortiquons un peu la chose. Mae, jouée par Emma Watson a un job épanouissant consistant à répondre au téléphone toute la journée. Un jour, sa meilleure pote lui conseille de postuler dans sa boîte, The Circle donc, parce que c'est trop bien. Watson passe un entretien exaspérant avec un geek insupportable qui se la pète et décroche un premier contrat (moi, je l'aurais encastré dans le mur mais c'est un choix de vie). Elle débute alors un nouveau job beaucoup plus épanouissant, consistant à répondre au téléphone toute la journée. Mais cette fois, elle a plein d'écrans, des collègues trop motivés (BEAUCOUP TROP MOTIVÉS), du coca gratos dans les frigos et des concerts de Beck organisés sur le campus. C'est trop cool, franchement que demander de plus...
À ce stade, ma tension a déjà dépassé le stade du raisonnable devant ce spectacle affligeant de zombies corporate s'exprimant avec délectation dans une novlangue ridicule, persuadés de sauver l'humanité en s'allienant quotidiennement pour une entité prédatrice dévorant leur âme et qui les passerait tous dans un mixeur si cela pouvait faire plaisir aux actionnaires. Des goules hystériques devant le moindre Power Point, lobotomisées à l'extrême, ayant perdu toute once de libre-arbitre, faisant des rêves humides de leurs patrons l'entrepreneurs déifiés.
Mais on peut encore descendre plus bas car c'est à ce moment précis que le scénario commence à montrer ďinquiétants signes de faiblesse. Car voyez-vous, au début Mae n'est pas dupe. On la sent méfiante, pas tout à fait à l'aise avec "l'esprit" ambiant (enfin on le devine parce que franchement, le jeu d'actrice d'Emma Watson, c'est pas possible...). On se dit bon, Hermione va réaliser que le modèle social proposé par une boîte qui propose OUVERTEMENT de fliquer la Terre entière, c'est peut-être légèrement toxique. On voit venir la leçon de morale assénée avec toute la subtilité d'un morse bondissant sur la terre ferme: "la surveillance généralisée, c'est pas bien et dangereux. On a tous droit à la vie privée". Emma, elle, ne va pas manger de ce pain là. Elle a compris, elle n'est pas défoncée à la coloration pour cheveux comme tous les autres macaques décérébrés. Elle va se dresser face à Big Data, faire imploser la Silicon Valley par la seule force de sa volonté et libérer tous les petits moldus du joug de ses algorithmes sataniques.
Et la, bim! Première grosse sortie de route. En fait non, elle adhère, elle adhère à fond, elle en redemande même. Suite a une Keynote inspirante de Tom Hanks (qui passe chercher son chèque pour son nouveau papier peint), elle décide de filmer sa vie H24. Parce que voyez-vous, "secrets are lies".
Là, on est vraiment démunis. Perso, je me suis rattrapé aux branches en me disant que tout cela n'était qu'un plan tortueux élaboré avec John Bodega (en PNJ dans le film) pour piéger la fourbe société et précipiter sa chute vers l'abîme. Mais non, la meuf est vraiment premier degré et c'est finalement son vieux pote du bled qui finira dans l'abîme par sa faute suite à une course poursuite avec l'armée de fanatiques lobotomisés de la compagnie.
C'en est trop. Il y a des limites à la bêtise. Comment peut-on s'intéresser plus d'une minute à un personnage aussi débile? Comment peut-on avoir besoin de voir son pote crever pour réaliser que la surveillance absolue a PEUT-ÊTRE quelques inconvénients?
Le film nous mettra encore un petit coup de pompe dans les côtes à terre, en nous infligeant une fin à la fois imbitable et invraisemblable, Watson prenant le contrôle de l'Empire après avoir évincé les 2 PDG véreux en un claquement de doigts. Pour en faire quoi? "Quelque chose de mieux". Ah d'accord, ben ça va alors. Envoie le générique Roger.
Affligeant.
Créée
le 2 déc. 2024
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