The Collection par Wykydtron IV
"The collector" était un film original, beau, angoissant, et virtuose dans l'art du sadisme. J'avais d'autant plus adoré que je n'en attendais pas tant. Le film était sorti en 2010, mais je l'ai vu l'an dernier, à l'époque où existait déjà une bande-annonce pour sa suite, "The collection", dont la sortie aux Etats-Unis était fixée à Halloween. C'est un film que j'aurais vu avec plaisir au cinéma, mais bien sûr en France il ne fallait pas compter là-dessus. Le premier film déjà était sorti directement en DVD, et après tout nous vivons à une époque où même Romero et Carpenter n'ont plus droit à leur sortie ciné dans l'hexagone.
The collector m’avait marqué notamment pour sa puissance visuelle. The collection se montre à la hauteur au début avec un générique stylisé très classe. L’esthétique par la suite reste soignée, nous offrant des plans beaux et originaux, avec des éclairages léchés, moi qui habituellement ne remarque jamais cela. Certes on a droit à des lens flares à la J.J. Abrams et à un étalonnage qui abuse un peu du bleu et de l’orange, mais on sent tout de même que l’éclairage est fait avec plus de finesse que dans la plupart des films qui se servent de ce contraste colorimétrique que l’on voit partout aujourd’hui.
Et j’ai pris plaisir à voir la façon dont le réalisateur filme des séquences de soirées en boîte. J’ai pu découvrir lors de ce passage, ainsi qu’un autre vers la fin du film, que Marcus Dunstan était aussi très doué pour diriger des scènes de sorte que la communication entre les personnages, et la compréhension de la narration pour le spectateur, ne passe que par l’image, sans qu’il y ait besoin de paroles.
Toutefois, contrairement à The collector, c’est à peu près à ces éléments-là que s’arrête la maîtrise du réalisateur dans The collection.
Dans cette suite, on retrouve Arkin, le héros de The collector, peu de temps après les évènements du premier film. Pas de chance pour lui, tout juste est-il libéré de l’emprise du Collector qu’il est contraint par certaines personnes de partir sur les traces du tueur qui l’a affreusement torturé il y a peu. Arkin parvient sans mal à retrouver le psychopathe, grâce à… des marques qu’il a gravées dans son bras, s’étant tracé des traits dans la peau pour indiquer la distance parcourue ou les virages pris par le Collector lorsqu’il l’a embarqué dans son van.
The collection est plein de petites absurdités dans ce genre là. Arkin, décidément trop fort, arrive à remonter un conduit à la corde, et ce avec un bras fraîchement plâtré.
Un autre personnage, Elena, parvient à sortir d’une malle dans laquelle elle est enfermée grâce à son soutif, et un talent digne de MacGyver.
Dans The collector, que le tueur piège une maison isolée, ok, mais dans The collection, qu’il ait transformé en piège géant un club de nuit avec une centaine d’invités, en y disposant partout des mécanismes très élaborés à l’insu de tous, c’est n’importe quoi.
Les effets spéciaux gores sont réussis, ça c’est indéniable par contre. Les plaies d’où le sang jaillit du cou d’une victime se confond très bien avec sa peau, l’effet de l’os brisé qu’on voit créer une bosse sous la peau du bras d’Arkin est d’un réalisme terrible, …
Etrangement, cette suite voit tout de même l’arrivée de quelques effusions de sang en mauvais CGI, le temps d’un plan seulement.
Malgré la qualité de la majorité des FX, on ne retrouve pas le sadisme du premier film ni l’angoisse ainsi générée. On ne souffre pour les personnages qu’à deux brefs instants (la lame dans la bouche, et le bras qui se recasse, mais ça c’est absurde). Et alors que The collector surprenait par l’inventivité des pièges, ici il n’y en a qu’un de bien (la poignée de porte…).
The collection doit comporter une quantité d’hémoglobine équivalente à son prédécesseur, mais le problème est que les actes de violence sont peu visibles, à cause d’un montage très découpé qui empêche de vraiment discerner quoi que ce soit.
Le réalisateur adopte un style complètement différent, qui relève plus du cinéma d’action que celui d’horreur. Ce type de montage très dynamique n’est efficace qu’avec un type de scène en particulier, dont on a heureusement un exemple dans The collection : la scène de l’arrivée spectaculaire du tueur, qui met en échec brutalement quelques ennemis, puis repart comme il est venu.
Ce qui surprend aussi, et déçoit, dans cette suite, c’est que le réalisateur cède à la facilité des jump-scares, pour certains très prévisibles même.
On retrouve aussi dans une scène un procédé vu pleins de fois déjà, celui qui consiste à faire clignoter une ampoule pour donner une ambiance particulière ; heureusement ici, c’est d’une plus grande efficacité que dans la plupart des cas.
The collection est un film correct, mais qui est loin de valoir The collector. On ne retrouve pas la même originalité scénaristique, la même inventivité, et on a droit à moins de trouvailles visuelles.
Il fallait s’y attendre, mais c’est tout de même dommage.