Dans la foulée du premier opus, j'opte pour regarder The Collection. J'avais le choix entre continuer mon exploration de cet univers ou bien commencer une nouvelle pile de films... Autant boucler la boucle!
Soyons direct : cette suite n'est franchement pas à la hauteur. Si The Collector était dans la veine d'un Saw, le ton de cette suite est plus proche d'un Piranha3D (dont Marcus a scénarisé la suite) ou d'un FEAST (qui est SA saga). Ainsi donc, fini le torture porn (en soi c'est pas un défaut), l'auteur va privilégier le bain de sang au sens le plus fun du terme. Enfin du moins sur papier...
Parce que, comme dans Feast (qu'il n'avait pas réalisé), la mise en scène tombe à plat le plus souvent et Marcus peine à délivrer des moments vraiment épiques, mémorables. La scène de massacre des 'chiens', par exemple, aurait pu donner un truc complètement fou à la Peter Jackson, mais la sauce ne prend pas vraiment. En plus, le réal semble ne pas être sûr du ton voulu et nous montre parfois une scène plus sérieuse entre deux scènes absurdes... difficile de savoir sur quel pied danser, ce qui fout en l'air la tension (doit on rire ou avoir peur?).
Il y a tout de même de beaux moments ; ainsi, si la scène de règlement de compte dans la maison est clairement décevante, elle comporte un beau travail esthétique (en parllèle hélas) avec, en plus, de vraies flammes. Ca n'a l'air de rien, mais aujourd'hui il y a tellement de films avec des flammes en CGI que ça me paraît suffisament pertinent pour être signalé...
Globalement, la mise en scène est assez cheap, parfois proche du Z ; le découpage est maladroit et puis surtout on a droit à un jeu d'acteur d'une rare finesse. Déjà, engager le mec qui joue le grand frère dans la série Weird Science pour jouer les gros bras sérieusement... très mauvaise idée. Une autre énorme déception, c'est le changement d'acteur pour interprêter le collectionneur. Dans le premier il était chétif , vicieux et semblait adorer insectes et araignées ; il est maintenant hyper musclé, grand, et marche un peu comme Jason Voorhees... Ca enlève pas mal de charisme au méchant tout ça, mine de rien! Et les animaux? Juste quelques grosses araignées classiques qui ne sont là que pour faire lien avec le premier.
L'histoire maintenant... le premier n'était déjà pas très malin et laissait beaucoup de place aux incohérences. Ici, les deux scénaristes semblent avoir fait le strict minimum. Au point de se demander durant le film si ce sont bien les mêmes auteurs ou bien des Doppelgangers qui ont fait le sale boulot à leur place?
Donc le scénario est encore moins brillant, car en plus d'incohérences du même tonneau que dans The Collector, on a droit ici à une panoplie de personnages mal construits. Personnellement je n'ai rien contre le cliché s'il est bien utilisé, mais le problème c'est que le cliché semble ici ne pas être clairement défini ; on a donc droit à des soldats typiques de ce genre de survival, sauf qu'ils n'agissent pas comme tel : s'ils sont bel et bien cons, en revanche, ils ne foutent rien, alors merde quoi, pourquoi les inclure?
Autre signe de paresse, cette non utilisation de l'ellipse! The Collection se passe quelques temps après le premier, mais le héros semble sorti tout droit de The Collector. On dirait que sa seule torture entre temps était de se faire jeter un verre de sang au visage histoire de le salir un peu...
Toujours dans la paresse, l'auteur préfère laisser les personnages, décidément trop nombreux, papoter plutôt que de mettre en scène la violence, le fun. Je vous laisse imaginer ce que ça donne quand un scénariste décide de mettre en avant la prose alors qu'il s'agit de soldats... Parce que là justement, le Marcus il aurait pu être second degré et partir dans de sacrés délires, mais non, c'est trop sérieux, trop premier degré. Bon y a pas tant de blabla que ça mais disons que le surnombre de personnages impose un minimum de bavardage.
Et puis finalement, les auteurs mettent la dernière petite touche pour s'assurer que l'étron est bien ragoûtant ; dans the collector, il n'y avait pas trop de message, du moins ce n'était pas trop appuyé. Ici le duo de nouilles décide de mettre en avant le thème du 'faut protéger sa fille' qui était à peine présent dans le premier opus. Bon on passe pas des plombes dessus, mais suffisamment pour avoir l'air bien Z (pauvre Christopher McDonald, il est bien loin le temps de Happy Gilmore). Mais une fois de plus, comme il y a mélange entre moments Z et moments sérieux, on ne sait pas comment le prendre... Doit-on rire ou pas? Et puis même si c'est censé faire rire, ce n'est pas assez poussé non plus, donc on ne rit de toutes façons pas...
Il y a tout de même dans ce film une piste intéressante mais trop vite abandonnée ; en effet, dans cette suite, les auteurs décident de mettre davantage l'accent sur le tueur en nous présentant son repaire. Très bonne idée en soi, mais très mal traîtée (puisque finalement on suit plus le héros et les soldats inutiles, ainsi qu'une petite poulette suffisamment mignonne et gentille pour deviner sa destinée) ; on a tout de même droit à quelques beaux décors qui laissent sur la faim tant cela montre ce qu'aurait pu être le film...
En bref, The Collection ressemble à une suite faite par des producteurs verreux alors qu'en fait c'est réalisé par la même équipe en toute modestie ; la mise en scène est cheap, beaucoup moins inventive ; l'intérêt n'est plus au torture porn mais au fun du bain de sang, ce qui ne me dérange pas du tout (j'aime autant Evil Dead1 que 2), le souci c'est que l'auteur ne parvient pas à être suffisamment dans l'excès pour amuser ; enfin, le scénario comporte beaucoup trop de personnages (vivants) pour une durée plus restreinte (seulement 1h10?). Voilà, la boucle est bouclée!