Alien Covenant

Le réalisateur britannique, connu pour ses films d'action et ses comédies déjantées, se lance ici dans un projet à l'américaine plus sérieux et engagé.

Je m'attendais à un mélange entre "Les rois du désert" et "Américan Sniper". Et bien on a ni les soubresauts hallucinés du premier, ni la prétention du second. En fait c'est comme un Eastwood mais en beaucoup mieux.

Bien que le film ne soit pas basé sur une histoire vraie, il s'inspire des nombreux récits tragiques d'interprètes afghans qui ont travaillé avec l'armée américaine pendant plus de 20 ans et qui ont été abandonnés après le retrait des troupes américaines en Afghanistan en 2021.

Guy Ritchie utilise son style caractéristique pour introduire les personnages, avec des dialogues rapides, une mise en scène dynamique et les inscriptions coup de poing des noms et rôles sur l'écran. Cependant, ces premières scènes, bien que divertissantes, laissent penser que ces personnages auront un rôle plus important dans le récit et le côté joyeux de cette intro de sale gosse se prend un claque de retour au réel en forme d'explosion avec un débris qui arrive face caméra et sort du champ in extremis pour défoncer un interprète afghan.

Ce plan dis beaucoup de choses. Il montre en quoi la guerre fait ses vraies victimes hors champs et que nous spectateurs ou globalement les forces armées occidentales prennent sur tout le souffle et des frayeurs.

Puis vient une phase intéressante de développement de la nouvelle escouade jusqu'à une cache potentielle de taliban dans une mine désaffectée.

La suite est beaucoup plus planante et contemplative. A la fois un vrai périple de 100 Km mais montré comme un voyage intérieur. Le geste de Richie à ce moment précis me fait l'effet de Dany Boyle dans son 127 heures qui essaie à la fois de dompter sa fougue et en même temps de rendre perceptible la folie de la vie immobile (ici une commotion cérébrale).

La dernière partie du film, malheureusement, déçoit légèrement en comparaison avec les précédentes. Ritchie opte pour un dénouement plus conventionnel avec des scènes d'action et une confrontation finale avec les Talibans. Bien que ces séquences soient correctement réalisées, elles semblent un peu déconnectées du reste du récit et trainent en longueur, donnant une impression de rupture stylistique. J'irai même jusqu'à les trouver un peu invraisemblables. Il y avait un peu ce problème au début quand dans un cadre réaliste on te montre des soldats qui gagnent dans une fusillade en 1 V 5 mais là c'est l'ordre de grandeur au-dessus.

"The Covenant", avec son titre lourdaud et son carton texte gênant pré-générique met en lumière les promesses non tenues faites aux interprètes afghans et soulève des questions sur la responsabilité morale des nations qui se sont engagées dans des conflits étrangers. Il explore également les thèmes de la loyauté, de l'amitié et du devoir envers autrui. Les performances de Jake Gyllenhaal et Dar Salim apportent une profondeur supplémentaire à leurs personnages, et la photographie et la musique renforcent l'impact émotionnel de l'histoire. En effet on dirait que cette musique, pas si caricaturale, omniprésente est en fait le guide des 4 mouvements qui orchestrent le film et guide l'ensemble.

Bien que "Covenant" soit sur le papier un projet qui pue bien du cul le patriotisme guerrier option larmichette, le résultat est bien meilleur que ce que j'attendais. Oubliable mais honnête quoi.