Moi j'aime bien Breck Eisner parce qu'il a pondu le premier Blockbuster-à-duo-homosexuel de sa génération.
Sahara était un chouette film sympa, bien fabriqué et tout compte fait assez audacieux dans son traitement frontal de l'orientation sexuelle des deux acolytes. ( la gonzesse de service leur demande même : " vous êtes ensemble depuis longtemps ? " Quel talent ! )
Alors le voyant se plonger dans le thriller-multigenre classé R, je suis par l'odeur alléché.
L'exposition souffre de quelques travers. Déjà, mettre la pression sur des figurants dont on n'a rien à carrer, c'est foutre sa tension en l'air. La scène où un type brûle sa femme et son fils dans un accès de folie aurait dû être insoutenable; on hausse les épaules : " Ah il l'a fait c'était qui passe moi l'pop corn ? "
Et le quasi remake de Jaws avec monsieur le Maire : " Comment couper l'eau ? Vous n'y pensez pas ! C'est toute la communauté qui en dépend !! " Non sans déc ? Heureusement, le héros coupe court à toute objection en outrepassant largement ses prérogatives de shérif vaillant. Mais comme le mal est fait, le film peut enfin commencer.
Et là, c'est un bon petit non-stop tout ce qu'il y a de plus réussi. Jouant sur tous les tableaux ( la parano, le gore fourchu, le road-movie désespéré... ) Breck mise tout sur une connivence acquise du spectateur pour concocter les scènes les plus délicieusement tartes de ces dernières années, dans le genre. En vrac : la scie circulaire qui en veut aux couilles du héros, le carwash de l'extrême, le planté de couteau figé dans le métacarpe, les bouseux de Deliverance qui font un carton, l'adjoint qui pête un plomb... Les anecdotes s'enchaînent tambour-battant, donnant presque une impression qu'une saison entière d'une série télé défile devant nos yeux en une heure quarante... Ce qui laisse de côté des points qui m'ont sérieusement manqué, tels que le problème de l'eau : où trouver de l'eau à boire quand l'eau du robinet est contaminée ? Ooh c'est pas bien important, on n'a qu'à poser la question une fois et boire une gorgée à la bouteille au bout de trois jours...
Pas de problème !
Mais bon, je ne boude pas contre mon estomac : le film n'a aucune autre ambition que de faire marrer les amateurs de Bis bien ficelé. Mission accomplie. Les acteurs sont tous au diapason, et Je dois reconnaître que j'avais peur que Danielle Panabaker soit juste la-fille-de-James-Woods-dans-Shark-mais-avec-un-costume-de-fermière et en fait elle s'en sort bien... ( En tant qu'actrice, du moins, parce que sinon, elle meurt pendue par un tuyau de carwash. )