Nous devions voir The Crazies et Room dans la même journée. Je l'avoue, j'ai totalement foiré sur ce coup. J'ai pensé, avant et pendant tout le film, que j'étais en train de regarder Brie Larson se faisant poursuivre par des zombies de l'enfer. Des zombies un peu différents, parce que dans The Crazies, ce n'est pas intéressant de parler de réprouvés. Non, le film puise sa force du fait qu'ils ne soient pas vraiment morts, ce sont juste des gens qui deviennent, en un instant, des types totalement dingues à la Shining. C'est un peu le syndrome World War Z, vouloir se différencier par la source même du mal en l'agitant devant le spectateur comme cache-misère. Car dans The Crazies, tout est en état de délabrement. Les décors, bien sûr, viennent ensuite les personnages et leur psychologie, puis la mise en scène, la bande-son, et le scénario. Tout n'est que décrépitude.
Revenons à Brie Larson. Comment ai-je pu la confondre avec Radha Mitchell ? Déjà parce que je suis con comme un balai, ça doit jouer pas mal. Surtout parce que The Crazies souffre du syndrome (again) The Mist, c'est à dire créer un film à suspense à partir du suspense. Qu'est-ce que cela veut dire ? Dans The Crazies, l'interprétation n'existe pas. Elle ne peut exister. Que vous mettiez Henry Fonda ou Sylvain Mirouf, c'est exactement la même chose. Breck Eisner n'a aucune espèce d'envie de faire briller ses acteurs. Le background des personnages sert le suspense, leurs liens servent le suspense, les dialogues servent le suspense, absolument aucun partis pris, aucun détail, n'est inhérent à la performance d'acteur. On retrouve donc un thriller banal avec un sujet pas si banal de base, mais rendu ankylosé par une réalisation encore plus plate qu'une piste de curling.
Quand je parle de thriller, je mets en évidence le fait que The Crazies n'a pas été, n'est pas et ne sera jamais un film d'épouvante, tant toutes les règles du genre sont bafouées par celles du thriller. Quand bien même certaines scènes accoucheraient d'un jumpscare, ces derniers ne sont qu'amenés par un son retentissant, et je peux vous l'avouer, même Leigh Whannell de Insidious 3 s'en moquerait tellement c'est hors propos. Il y a bien une scène, une seule scène, force des films d'horreur old school, peut-être de It Follows, où un des zombies se retrouve en second plan, sans arme ni haine ni violence - seule surprise positive du métrage, où le spectateur se plaît à le découvrir lui-même.
En outre, The Crazies est un survival fadasse, sans épaisseur ni valeur, un film pop-corn, un film à oublier, un film qui ne dérange pas, qui indiffère.