The Creator
6.4
The Creator

Film de Gareth Edwards (2023)

Dès les premières minutes, ce film nous prend pour des idiots. Les dialogues cherchent constamment à expliter 100% des intentions et des enjeux et s'imagine que grâce à ce procédé de débutant, il n'a plus besoin de développer des relations sincères et d'exposer une intrigue et, plus grave encore, un univers cohérents. A partir de là, il va pouvoir se contenter de faire parler des personnages pour créer des raccords logiques entre 2 scènes d'action brouillonnes ou tisser des liens totalement artificiels entre 2 êtres.

Le problème majeur, c'est que cet univers n'a aucune fondation : on se balade à sa surface avec une compréhension qui ne tient qu'à ce que les personnages, qui n'en savent pas bien long, ont grossièment raconté. En fait, on est littéralement dans une guerre mondiale mais la géopolitique est complètement absente : pourquoi les Etats-Unis détestent autant l'IA ? Parce qu'il y a eu 1 émeute montrée 2 secondes dans le prologue ? Pourquoi la New Asia, au contraire, protège les robots ? Quels sont les enjeux économiques derrière ces 2 philosophies radicalement différentes ? Qu'est-ce qui explique réellement ce conflit insensé ? Parce que quand on construit un vaisseau militaire à 40 trillions de dollars qui n'est même pas fichu d'annihiler une barque de pêcheur, il faut quand même avoir un plan qui ne se résume pas à "Les robots ne sont pas réels, on ne les aime pas, on va les pulvériser".

Bref, comme cette guéguerre apparaît totalement injustifiée, le souffle épique n'est jamais vraiment présent. Niveau humain, on a donc d'un côté, des Américains, gratuitement cruels, sadiques et méchants et de l'autre, des nations unies d'Asie qui ont embrassé les robots sans raison, vivent dans un déluge de technologie, d'intelligence et de circuits imprimés, tout en continuant à cultiver leurs champs à la main...

Venons en maintenant aux fameux robots, qui sont, quand même, littéralement, le nerf de la guerre. Eh bien, rien n'a été fouillé ou approfondi concernant les robots. On en voit, couverture sur les épaules, se réchauffer les mains au coin du feu (AU COIN DU FEU !), dormir profondément ou demander une crème glacée. On voit même leurs carcasses métalliques être brûlées sur des bûchers funéraires...

Est-ce qu'avoir une âme, c'est forcément "se déguiser" en humain ? Jouer à l'humain ? Est-ce que c'est marcher comme eux, parler comme eux, avoir mal et mourir comme eux ? Ou est-ce que finalement, être humain, c'est avoir de l'empathie et rien d'autre ? En admettant que les robots puissent mourir (et pas juste transférer indéfiniment leur conscience du cloud vers n'importe quelle "carrosserie"), dans un monde hostile, aux ressources limitées, le rituel mortuaire d'un robot aurait pu être de détruire sa carte mémoire, pour qu'elle ne puisse jamais être corrompue, puis de cérémonieusement démanteler le reste pour réparer ou construire son prochain (comme les Fremen recupèrent l'eau du corps dans Dunes, par exemple). Mais non, on prend plutôt les raccourcis les plus simplistes et on copy-paste une culture qui nie totalement la réalité de ce qu'est la vie et donc la mort d'un robot.

Bref, The Creator échoue même à poser la question, fondamentale dans son intrigue, de la définition de l'humanité et de l'âme.

En fait, The Creator est une coquille vide : un paradis du design où l'histoire n'est qu'un prétexte pour aligner les concepts visuels les uns derrière les autres. Et encore, même en termes de design, ça ne va pas chercher bien loin : à part le big boss de fin, les robots sont tous humanoïdes, bipèdes et certains ont même des mandibules qui bougent quand ils parlent (sans doute pour mieux moduler leurs cordes voca... wait what ?!). D'ailleurs, ils ne communiquent qu'à la voix alors qu'ils pourraient être connectés en réseau, et n'avoir aucun besoin de parler à voix haute, ce qui serait quand même autrement plus fascinant et LOGIQUE, notamment pour des intelligences soit-disant supérieures. Je ne m'attarderai d'ailleurs pas sur le QI moyen des "simulants" et autres, car il est désespérément en-dessous de la moyenne, plan après plan.

Je ne reviendrai pas non plus sur l'histoire d'amour totalement tarte qui est censée nous tenir en haleine et donner du sens à ce métrage mal rythmé, mal écrit et mal mis en musique.

Pour faire simple, en dépit d'un jeu d'acteur qui est plutôt pas mal, la profondeur est inexistante dans 100% des aspects de ce film, qui s'avère franchement nul.

Anahane
4
Écrit par

Créée

le 22 janv. 2024

Modifiée

le 22 janv. 2024

Critique lue 25 fois

Anahane

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