The Creator
6.4
The Creator

Film de Gareth Edwards (2023)

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Présenté comme le film qui allait redonner un coup de fouet au genre science-fiction, The Creator de Gareth Edwards débarque enfin sur grand écran (et en IMAX). Sept ans après un Rogue One très réussi, mais dont la production fut chaotique (et éprouvante pour le réalisateur), Gareth Edwards délaisse les franchises (Star Wars et Godzilla) pour s'atteler de nouveau, après Monsters, à un projet 100% original (ou presque). The Creator est une production imposante au budget relativement modeste (80 millions de dollars seulement) qui rappelle bons nombres de standards du genre, à commencer par A.I. Intelligence Artificielle, Akira, Blade Runner, Terminator, Ghost in the Shell, Elysium, Chappie, Ex Machina ... je m'arrête là, la liste est trop longue. Les emprunts au genre SF sont donc nombreux, mais il les digère avec suffisamment de recul et d'intelligence, pour nous proposer un monde nouveau auquel on peut y croire ... en tout cas, sur la forme.

Dans un futur proche, après qu'une bombe nucléaire ait détruit Los Angeles, les américains décident d'exterminer les robots. Et pour lutter contre cette IA, l'armée américaine rappelle un ancien agent des forces spéciales nommé Joshua (John David Washington), un agent aguerri, mais profondément atteint par la disparition de sa femme Maya (Gemma Chan), alors enceinte de leur premier enfant. Et pour le convaincre de réintégrer les forces spéciales, le colonel Jean Howell (Allison Janney) lui promet de retrouver sa femme qui "serait" toujours vivante. On le charge donc d'une mission cruciale, retrouver (et éliminer) l'énigmatique "créateur" et son arme secrète qui pourrait anéantir toute l'humanité ... ou tout du moins, c'est ce qu'on voudrait nous faire croire !

Le film est visuellement très abouti, imposant et immersif ... on croit à ce qu'on voit à l'écran, quoi ! Les effets numériques (machines futuristes et robots) s'intègrent parfaitement à l'environnement qui les entoure, ce qui donne à l'ensemble un aspect foisonnant, innovant et inspiré. Avec The Creator, Gareth Edwards fait mieux, voire même beaucoup mieux, que certains blockbusters qui ont un budget largement supérieur au sien. On y retrouve par moments sa mise en scène à grande échelle déjà aperçue dans Rogue One, mais aussi dans Monsters et Godzilla. Non vraiment, visuellement The Creator est une grande réussite. Et pour renforcer cet aspect palpable des choses, il y injecte les codes du film de guerre, l'inspiration principale étant Apocalypse Now. En effet, difficile de ne pas penser à la guerre du Vietnam et à Heart of Darkness en regardant The Creator.

Bien que The Creator ne soit pas aussi contemplatif que je ne l'aurais espérer, le film est magnifique et chaque plan en extérieur (et en plein jour) est un émerveillement pour nos yeux. On a toujours cet aspect de gigantisme (à grande échelle) qui fait plaisir à voir et même si je n'ai pas eu cette effet waouh que j'avais pu avoir dans Rogue One, c'est tout de même très impressionnant sur grand écran et en IMAX. Les robots quand à eux sont visuellement plus vrais que nature, avec ce quelque chose de palpable ... c'est juste bluffant ! Et comme souvent avec Gareth Edwards, on est au plus prés des personnages pour donner un ton plus intimiste au film. Un peu comme dans Chappie, l'excellent film de Neill Blomkamp, les robots deviennent plus humains que les être humains eux-mêmes.

Avec The Creator, on tend plus vers le cinéma intimiste que sur le bon gros Blockbuster qui tâche, misant tout sur l'action non stop et sur le spectaculaire. Or, dans The Creator le parti pris du réalisateur est de se focaliser en premier sur l'émotion entre les personnages et l'action trépidante ne vient qu'en second. Malheureusement, The Creator n'a pas totalement fonctionné sur moi d'un point de vu émotionnel. J'ai dû attendre la fin du film pour avoir un semblant d'émotion qui traverse mon corps ...

Alphie découvre des clones de Maya à bord de la station spatiale Nomad et décide de brancher la clé USB provenant des scanners cérébraux de la vraie Maya (encore une référence à Chappie). Alphie est contraint de laisser Joshua derrière lui, car l’écoutille de la navette ne s’ouvre pas. Joshua et l’IA de Maya sont de nouveau réunis, avant l’explosion de la station spatiale ... j'avoue avoir versé ma petite larme à ce moment là !

Ensuite, je retiens surtout le personnage de Alphie (Madeleine Yuna Voyles) aka "le créateur", une jeune fille robot qui n'est sensée ressentir aucune émotion, mais qui a réussi à me faire ressentir un léger pincement au cœur. C'est une référence évidente au jeune garçon robot David (Haley Joel Osment) dans à A.I. Intelligence Artificielle, l'excellent film de Steven Spielberg. Et j'en viens donc à la relation Joshua et Alphie qui arrive a être assez touchante, mais qui aurait pu l'être beaucoup plus si elle avait été mieux gérée. Vu que les évènements s'enchaînent à une vitesse folle, c'est difficile de comprendre les états d'âme d'un Joshua qui en même temps méprise les robots et veut protéger Alphie, parfois même au risque de sa vie. Il manque clairement des scènes pour développer la relation "père-fille" entre Joshua et Alphie, car en l'état leur relation est un peu trop évasive.

Dans The Creator, il y a donc l'aspect visuel, l'aspect émotionnel, mais il y a aussi le fond. Le film se perd parfois dans des facilités scénaristiques, déroulant un récit manichéen (les gentilles IA d'un côté et les méchants humains de l'autre) et faisant le choix, pas toujours bien géré, du visuel et de l'émotion au détriment du fond. Le sujet principal du film est la place des IA dans notre société. Le film nous questionne (et des questions tout à fait légitimes) sur cette future cohabitation avec les machines. Le sujet est présenté, mais n'est absolument pas traité. C'est un peu dommage de ne pas avoir creusé un peu plus ces questionnements-là.

The Creator c'est aussi un melting pot de tous les films SF qui ont marqué notre enfance, l'IA qui développe une conscience, les hologrammes dans lequel on peut se balader, le transfert de sa conscience dans une machine. Je ne vois pas ce que ce film peut apporter de nouveau, si ce n'est ce petit côté références et nostalgie de toute la SF des années 80/90/2000, une explosion nucléaire comme dans Akira, les robots flics qui me font penser à Chappie, le gros vaisseau qui me rappelle Elysium et Oblivion, certains plans qui me rappellent Rogue One (le dernier baiser avant de mourir), la direction artistique qui me rappelle District 9 et le traitement des IA qui me rappelle Blade Runner et Blade Runner 2049. Gareth Edwards veut humaniser le plus possible l’IA, donnant à l’IA l’impression d’avoir une conscience et une conscience de soi au niveau humain (et même parfois des sentiments humains). En réalité, l’IA ne prendrait probablement pas conscience d’elle-même et ne commencerait probablement pas à traquer malicieusement les humains. Notre plus grand risque viendrait plutôt de sa décision froide et calculée d’accomplir sa tâche aussi efficacement que possible.

Bref, je sors un peu frustré face à certains choix narratifs de Gareth Edwards, mais la sincérité et la générosité dont bénéficie le film, surtout sur le plan formel, l'emporte sur tout le reste. The Creator ne va pas révolutionner le genre SF, mais c'est une œuvre qui transpire l'ambition et l'envie de bien faire, qui ne sort pas d'une franchise et qui n'est pas une énième suite, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Gareth Edwards est un réalisateur que je continuerai à suivre, parce qu'il a une patte visuelle bien à lui et ça, on ne peut pas lui enlever.

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le 14 oct. 2023

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lessthantod

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