Ged Brennan,un caïd de la pègre de Liverpool à la tête d'un gang familial,voit sa vie tourner à l'aigre dans tous ses aspects.Son dernier braquage se solde par un fiasco,il se dispute fréquemment avec sa femme,laquelle se console en se gouinant avec la voisine,des concurrents veulent marcher sur ses plate-bandes,ses hommes commencent à douter de lui,son cousin,un obsédé sexuel alcoolo,s'attire les foudres d'un gang rival auquel il doit de l'argent,son jeune frère le trahit pour se lancer dans le trafic de drogue,commerce dont Ged ne veut pas entendre parler,et quand il essaie d'investir dans une activité légale,il se fait pigeonner par un escroc.Bien qu'usé et aspirant à une autre vie,il va devoir reprendre les choses en main pour remonter la pente,au prix de beaucoup de sacrifices.Adrian Vitoria,réalisateur et co-scénariste,adapte ici un roman de Kevin Sampson mais l'histoire semble très inspirée par "Le Parrain",ce qui n'est pas gênant vu qu'il y a pire comme référence.Mais il s'agit d'un "Parrain" modernisé,généreusement nappé de sauce néo-polar à la Tarantino.Ce qui donne un mélange hautement explosif dans lequel des truands à l'ancienne,qui respectent certaines règles issues de leur code de l'honneur et attachés aux valeurs familiales et amicales,se confrontent aux nouveaux gangsters qui n'ont pour credo que l'argent et pour seule religion la drogue,qui permet de s'enrichir rapidement et qu'ils consomment eux-mêmes abondamment.Vitoria nous plonge au coeur de cette criminalité en pleine évolution et décrit sans filtre l'ultra-violence qui y règne et les situations sordides qu'elle engendre,tout en s'appuyant sur un fond dramatique aux accents shakespeariens.La réalisation est dynamique,bien que parfois un peu frimeuse,la narration est maîtrisée et tendue,la musique est puissante et les acteurs,une bande d'anglais inconnus avec de vraies gueules,sont nerveux et épatants.Des armes,des meurtres abominables,des tabassages en règle,de la torture sadique,du sexe glauque,des trahisons ignobles,la fascination maladive pour l'argent,les auteurs n'y vont pas avec le dos de la cuiller dans leur peinture d'un monde décadent en perte de repères.Et le fait qu'il s'agisse d'un film britannique est une bonne nouvelle car on échappe ainsi à l'édulcoration formelle qui plombe généralement le cinéma américain.Le choc des générations est le sujet central dans "The Crew",et il est matérialisé par la proximité de Ged avec Franner,un autre chef de bande,bien supérieure à celle qu'il a avec son jeune frère Ratts,en dépit des liens du sang.