Il est vrai que le premier film est passé au statut de culte, quasiment intouchable, notamment suite à la mort de Brandon Lee sur le tournage, alors s’attaquer à cette figure est toujours pour le moins risqué, ce qui a été prouvé une énième fois avec ce métrage, malheureusement passé à la moulinette par tous les fans, ce que je peux aisément comprendre. Pour autant, en remettant les choses dans le contexte, il ne faut pas oublier qu’il n’a pas été pensé dans l’optique d’un remake de son prédécesseur, mais bien d’une adaptation du comics, alors comparer les deux versions cinématographiques n’a malheureusement pas lieu d’être, puisque effectivement, elles n’ont que peu de points communs entre elles, si ce n’est les grandes lignes. Il se détache en partie par son univers, transposé à un environnement contemporain au nôtre, dans une société gangrenée par des problèmes que nous connaissons bien, une certaine réalité mise en avant donc, concernant les plus jeunes, laissés à l’abandon par leur famille, mais aussi par le système, ils deviennent des âmes errantes, détruites par les traumatismes et les drogues auxquelles ils s’adonnent pour oublier. Mais cet environnement très proche de notre réalité va également mettre en avant un véritable univers fantastique, qui possède une mythologie passionnante, presque mystique, c’est une vision de la vie après la mort, du paradis, mais surtout de l’enfer et de certains pactes que des âmes bien mal intentionnées sont capables de passer, pour vivre éternellement, peu importe les sacrifices. Moi qui apprécie généralement le travail de Rupert Sanders, je n’ai pas été déçue de sa réalisation ici, il a offert un cadre extrêmement sombre à ce monde, mais presque onirique également, dramatique dans un certain sens, c’est un tableau pour le moins obscur, mais doté d’une puissance presque bouleversante. Visuellement, c’est effectivement très noir, une couleur prédominante, mais qui n’empêche en rien la compréhension, tout est lisible et les scènes d’action, très sanglantes, mais sans tomber dans l’extrême, sont absolument réussies, pour nous offrir un divertissement des plus percutant. En ce qui concerne le scénario, le drame à la base de tout est le même que pour son prédécesseur, mais les conditions, les causes en sont bien différentes, nous livrant ainsi sa propre version, qui n’en est pas moins intéressante, ni moins bonne, elle est simplement différente et vient nous partager une vision qui possède des qualités certaines. C’est avant tout une histoire d’amour, extrêmement sombre, tragique même, mais c’en est bien une, celle d’un amour presque maudit, mais d’une pureté insaisissable, qui transcende les épreuves les plus insurmontables, y compris la mort, un récit de vengeance également, qui ne nous laissera pas une seconde de répit. Quant au casting, il est dans son ensemble, plutôt réussi, Bill Skarsgård fait preuve d’un investissement total, ainsi que d’un charisme incroyable, j’ai beaucoup aimé la douceur de Fka Twigs et Danny Huston reste dans un registre de méchant qu’il connaît bien.
En bref : Un film qui n’a rien d’un remake, bien que la comparaison logique lui en fasse malheureusement pâtir, c’est une adaptation du comics qui possède sa propre identité, sa propre inspiration, pour nous propulser dans un univers aussi réaliste, que doté d’une part de fantastique absolument passionnante, qui nous immerge au cœur d’un monde mystique, mais également très sombre et qui nous livre le récit d’une histoire d’amour aussi touchante, sombre, que tragique !
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