Fatih Akin déçoit de film en film. Comment l'auteur du magnifique et brutal "Head-On" peut-il céder aussi facilement à la facilité ? Décrire le génocide arménien est un sujet suffisamment peu abordé au cinéma, pourquoi Akin a t-il besoin de raconter une sorte d'Odyssée, prétexte maladroit pour que notre malheureux héros parcours le monde entier, de Alep à la Caroline du Nord, en passant par Cuba. Le génocide Arménien est un sujet trop important pour mériter autant de fausses pistes. On ne peut pas reprocher au film d'occulter l'horreur de cette épuration ethnique de 1915 (qui est toujours niée par la Turquie et inspira tristement les nazis pour la question juive) : la première partie qui décrit les travaux forcés, les exécutions, les égorgements, l'islamisation par la force donnent l'impression d'un vrai cauchemar mais Akin ressent toujours le besoin de compenser l'horreur par des scènes d'une naïveté maladroite (la projection déplacée et tire-larme du kid de Chaplin), quitte à sacrifier le véritable enjeu du film et de perdre le spectateur avec. Beaucoup de scènes sont inutilement étirées même si dans l'ensemble, le film est plutôt bien servi par les décors et la photo ; ce qui est loin d'être suffisant, d'autant qu'en plus d'un manichéisme agaçant, le film est aussi pénalisé par son académisme. Décevant !