Jusqu'alors DKR signifiait, pour le geek averti, Dark Knight Returns. Une oeuvre majeure dans la bibliothèque de Batman. Quelque chose d'adulte et de complexe. Tout ce que n'est pas TDKR. Qui n'est somme toute qu'un retour à la normale. Le second volet de Nolan était une fausse piste. Un accident magnifique, porté par un acteur possédé. Le Joker éclipsait tout, mettait un coup de jus à chaque scène et portait le film au dessus de la mélée. TDKR, lui, remet Nolan sur le chemin emprunté lors de son premier Batman: un blockbuster bien doté, mais avec un spoil dans la main.
On peut se laisser abuser par les premières répliques malines de Bane ou Selina Kyle, leur discours faussement anar (mi Indignés, mi tous pourris) qui prolongent cette trilogie du chaos que semble vouloir dresser Nolan. Mais ces piques ne cachent rien d'autre que le vide abyssal d'un scénar de blockbuster. Le bagne de Bane donne des scènes interminablement gênantes, tout comme le chemin de croix de Batou et les personnages sont finalement de grosse coquilles vides (les retournements d'alignement de la miss catwoman, pitié.... le bras droit de Gordon) dont chaque dialogue est surligné au marqueur par la musique ultra pompeuse de Hans Zimmer.
Evidemment, tout le monde ira le voir.
Evidemment, il n'est probablement pas aussi décevant quand on n'en attend pas trop. Quelques scènes sont même franchement impressionnantes.
Mais, au fond, rien ne me réconciliera avec TDKR. Le vrai malaise est tout personnel: il vient du fait que je ne retrouve pas MON Batman, celui que je me suis forgé au fil des lectures, dans ce personnage. Les flics ne sont pas vraiment ceux du GCPD, les vilains ne collent jamais tout à fait (contrairement au Scarecrow du premier Nolan). La tentative de faire un film un peu plus lumineux était osée et bienvenue. Mais tout ça sonne aussi faux que le Batwing.