Superbe, je dirais même extraordinaire surprise que ce film sorti il y a quelques années et passé relativement inaperçu malgré un certain succès. Les films de zombi aujourd'hui pullulent comme un virus, et généralement pour le pire, mais celui-ci est un oasis dans ce désert de médiocrité. Il devrait plaire absolument à tout véritable amateur du genre : c'est un retour au source autant qu'un vibrant hommage aux classiques de Romero ou Lucio Fulci, fait par et pour les fans. La petite touche particulière – mais qui rappelle un peu la saga exotique de ce dernier réalisateur – : le film se déroule en Afrique de l'Ouest (filmé au Ghana et au Burkina Faso).
Le scénario est plutôt simple, mais foutrement efficace : un ingénieur de l'armée américaine embarquant dans le dernier vol fuyant le continent africain, damné par les morts-vivants, est victime du crash de son avion. Après avoir dérivé sur l'océan accroché à une caisse, il se retrouve sur le bord de la mer, faisant face à une rangée de morts-vivants cheminant lentement vers lui et les quelques rescapés échoués sur le sable. Première bonne nouvelle : on ne se retrouve plus avec des abrutis gueulant comme des bodybuilders en pleine rage de stéroïde ou courant comme des dératés olympiques. Les ennemis sont lents, silencieux et oppressants. Une bouffée d'air frais qui change des séries Z produits à la pelle aujourd'hui... La suite de l'histoire consistera alors en la tragique traversée du désert de ce militaire, durant laquelle il rencontrera un soldat africain cherchant son gosse. Ce dernier lui sauvera la vie à plusieurs reprises, et les mutuelles appréhensions s'estomperont au profit d'une amitié forgée dans la lutte.
Amateurs d'explosions et d'action non-stop s'abstenir : le film fait délibérément dans la lenteur. On a droit à de longues scènes de voyage à travers les sublimes décors arides, parsemées de rencontres ou de dangers, et toujours sous la menace paisible des légions de cannibales livides. On retrouve là l'ambiance lourde d'un Romero, mais aussi celle de la saga de jeux vidéos Resident Evil, où la faiblesse des êtres humains transpire de partout sous la pression d'un environnement calme mais hostile. C'est ce qui est plaisant dans ce film : cette faculté de prendre son temps, cette survie longue et semée d'embuches qui accroit le sentiment d'impuissance des personnages.
Paradoxalement, si le film est principalement une suite d'échecs face à la puissance des masses ennemies, si le film est donc plutôt noir de ce point de vue là, les êtres humains ne sont pas dépeints de manière nihiliste ou dangereuse. Au lieu de chercher à s'entre-tuer vicieusement comme dans the Walking Dead ou à s'isoler égoïstement comme dans Dawn of the living dead, ils tendent plutôt vers la coopération et l'oubli des divergences face à l'ennemi commun. Le contexte particulier de ces régions extrêmement pauvres joue hélas et très logiquement en défaveur des héros et des figurants, et ce durant tout le film. Néanmoins, en l'absence de ressources matérielles, les personnages redoublent d'ingéniosité dans la survie.
Je lui mets en conclusion, et très subjectivement, un 5/5 : la réalisation est propre et réhabilite le film de zombi sérieux et grave. Un film à l'ancienne, sans (trop de) CGI et avec des zombis bien lents comme il faut. On n'en demandait pas plus, et il l'a fait bien. Si seulement les autres prenaient exemple ; si seulement Capcom avait décidé d'aller dans cette voie !...