The boring dead
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le 15 mai 2019
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Amateur de film de zombie survitaminé, dégoulinant de gore passez votre chemin. The Dead Don't Die est un véritable film de zombie. L'hommage au maître et fondateur du genre, Romero, n'est même pas secret car il revendiqué dans plusieurs scènes et même dans l'affiche !
Jarmusch vient clôturer un cycle infernal d'une mode de dix ans qui avait fait du zombie un produit marketing lui enlevant tout l'angoisse qu'il pouvait susciter. Ici le zombie est lent et c'est là qu'il est le plus effrayant. Il vient des contes populaires des siècles passés, le descendant de la goule. Mélangé à la panique nucléaire de la Guerre froide, il a revêtu la forme moderne du zombie. Néanmoins, il reste avant tout lent car il est mort. The Walking Dead avait bien défendu cela dans les premières saisons, rappelant que ce n'est pas le zombie seul qui est dangereux mais bien la horde ou les survivants.
Le zombie c'est la marche inévitable de la mort. On est surpris par le nombre, pas assez cruel pour condamner une seconde fois un être proche, paniqué à l'idée de la fin du monde, tourmenté par des croyances religieuses etc. Le zombie met l'homme face à la réalité de sa condition mortelle. Il lui rappelle qu'il est devenu la mort lui-même avec la bombe atomique en 1945 ou avec l'extinction biologique actuelle et les enjeux environnementaux que nous nous sommes imposés.
Jarmusch refait ainsi du film de zombie, un film sociétal : critique de la société de consommation, peur de l'étranger, racisme, destruction écologique etc. Steve Buscemi joue à merveille le fermier xénophone pro-Trump qui pense jusqu'au bout se faire envahir par des immigrés clandestins. Ce qui était le message identique de Romero dans son premier film, traduisant à l'écran la peur des Américains de se faire envahir par les hordes communistes.
Vue la notation du film sur ce site, j'imagine que l'amateur du genre s'est transformé en un zombie consommateur de produits commerciaux. C'est là que Jarmusch rappelle qu'il est un des plus grandes réalisateurs modernes. Se jouant des codes des blockbusters, maniant le ralenti à la perfection et parlant directement au spectateur. Car ce n'est qu'un film, une fiction et donc un discours. Nous ne devons pas être dupes : le message est clair et l'Humanité court actuellement à sa perte. Il serait temps de se réveiller vivant, plutôt que lorsque nous serons tous des morts-vivant.
Hugo Orain
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Créée
le 23 mai 2019
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