We. The Revolution est un jeu réalisé par le studio polonais Polyslash. La Pologne par son passé communiste a toujours eu une certaine attirance pour la Révolution française : on peut rappeler le génial Danton de Wajda avec Depardieu. Très attendu par les amateurs de la période et par moi-même car je travaille dessus pour ma thèse, je suis assez partagé sur le résultat.
D'abord, le jeu propose de jouer un juge, Alexis Fidèle, durant la Révolution française mais surtout à partir de 1792 et jusqu'en 1795. C'est un point & click dans lequel on choisira d'acquitter, d'emprisonner ou de guillotiner les accusés. On devra prendre garde à ne pas trop choisir un camp (Peuple, Révolutionnaire ou Aristocrate) car sinon on se fera assassiner, trahir ou lapider. Vous y ajoutez un scénario familial, des intrigues politiques et des complots et nous y sommes.
Si c'est plutôt étonnamment sympathique de jouer un juge révolutionnaire. Le cadre historique devient encore une fois un prétexte. Les personnages classiques sont au rendez-vous : Danton (le corrompu), Marat (le fou) et Robespierre (encore et toujours l'ennemi ultime) et j'en passe. C'est-à-dire que tout y est mais le travail de fond est digne d'une recherche Wikipédia. Ça déborde de références classiques, de stéréotypes et de théories complotistes issues des légendes noires. La guillotine est omniprésente comme si 10 ans de modernisation du pays, se résumaient à quelques mois de Terreur. J'exagère un peu car parfois il y a des bonnes surprises comme la possibilité d'être un féministe ou un misogyne mais cela ne dépasse pas l'anecdote. Sans spoiler, la fin vient confirmer ce soupçon que la Révolution n'est qu'un prétexte à un développement narratif plus large.
Par contre, l'aspect graphique est très bon, c'est magnifique et ça change. L'ambiance est très agréable, on se laisse vite prendre au jeu et ça en devient chronophage. C'est donc pour moi, un jeu plutôt sympathique, on se fait avoir et on plonge dedans. Quant à l'histoire de la période, on est encore loin du sérieux historique. En même temps, vue la communication du jeu on avait compris qu'ils étaient obsédés par la guillotine !
Hugo Orain