Voilà bien un documentaire totalement méconnu du grand public, à fortiori français. Pourtant, « The Decline of Western Civilization Part 2 – The Metal Years » s’est fait un nom dans le milieu des amateurs de rock/metal.
D’abord car entre les personnes interviewées, et les groupes effectuant des performances, il y a du très lourd. Alice Cooper, Kiss, Ozzy Osbourne, Megadeth, Aerosmith, Lemmy, W.A.S.P… Et évidemment, la BO du film est éminemment sympathique, bourrée de chansons toniques de l’époque.
Mais surtout, le documentaire fait (involontairement ?) un focus sur une période et un endroit très pertinents pour le rock/metal. La scène californienne entre 1987 et 1988.
Le heavy metal carburait déjà bien depuis des années. La scène hard rock était totalement saturée. Le thrash metal, plus technique et sombre, s’apprêtait à émerger. Devant un glam metal qui ne brassait que du show, du sexe, et des excès, et qui allait sous peu péricliter. Un état général très bien retranscrit par le film.
En interrogeant musiciens confirmés ou aspirants, fans et acteurs de l’industrie musicale, Penelope Spheeris aborde des thèmes divers avec eux. Sexe, drogue, désirs de chacun, plagiats… L’occasion surtout de voir beaucoup de musiciens donner des réponses qui ne les glorifient pas. Notamment en termes d’image de la femme, de consommation de stupéfiants, ou d’arrogance pure. Là où d’autres, se montrant plus mesurés, auront généralement une carrière qui dure encore aujourd’hui.
Le tout au travers d’interviews parfois surréalistes. Plusieurs séquences sont devenues célèbres dans le milieu. Telles que le chanteur de Kiss discutant tranquillement dans son lit alors que 3 demoiselles sont allongées contre lui. Le guitariste de W.A.S.P. ivre mort dans sa piscine. Ou Odin, jeune groupe persuadé que le succès les attend forcément… alors qu’ils n’enregistreront aucun album, et que ce documentaire constitue maintenant leur seule petite source de notoriété.
A tel point que « The Metal Years » est souvent considéré comme ayant eu un rôle dans négligeable dans la chute du glam metal. Poussant les fans à se détourner de ces artistes, dont les excès étaient maintenant plus outranciers qu’intrigants. Ce qui prouve la pertinence et le témoignage historique qu’offrent ce documentaire musical.
Cependant, il faut reconnaître quelques manipulations/effets de mise en scène. Un insert a été grossièrement ajouté pour faire croire que Ozzy Osbourne est incapable de se servir du jus d’orange correctement. Odin a été interviewé dans le jacuzzi de Penelope Spheeris, à sa demande. Et les voitures de luxe que conduisent les membres de Seduce ont été louées pour le tournage par la réalisatrice.
Mais ces quelques points de relative malhonnêteté ne sauraient occulter le fait que l’état d’esprit de l’époque transpire à l’écran… et dans les oreilles !