Le film revient sur les années 50 en Angleterre et plus particulièrement sur le combat entre le devoir (celui d'être une bonne épouse) et la passion (qui risque d'être fort déçue si elle n'est pas complètement partagée) en suivant le parcours, par des flash back, d'Hester. Cette dernière apparaît dès les premières images alors que la caméra remonte lentement depuis la rue vers sa chambre où elle prépare son suicide. Cette première scène est magnifique bien que la surenchère des violons rend quelque peu le dramatique agaçant. Tout le reste du film va rester nappé de cette brume, légère, sombre qui envahie l'écran plongeant les visages et les corps dans un clair-obscur tout autant apaisant que fascinant. Tout est alors nimbé de mystère.
Le film a tout d'une tragédie: unité de temps (sur une journée), presque de lieu (Hester ne sort quasiment pas de sa chambre), la forme éclate par les flash back qui nous promènent dans différentes temporalités (pas toujours très claires) et différents lieux habités par Hester. Les caractères se dévoilent: d'abord passionnée l’idylle avec Fredie va se dégrader car ce dernier semble penser beaucoup à lui et trouver normal de moins l'aimer. Elle se révèle tantot fragile, tantot hautaine (la scène au musée en est la juste illustration). Quant à son mari, qui refuse d'abord de divorcer avant de se révéler un amoureux éperdu qui, en guise de mariage, propose confort et argent mais pas d'amour véritable, il gagne en profondeur au cours du film où aucun personnage ne reste linéaire...
Hester est, quant à elle entière, et le film, même si on ne sait pas bien où il veut en venir, nous montre sa capacité à retourner les situations par son caractère à fleur de peau: prête à défier son horrible (et un peu caricaturale) belle-mère, ou à se suicider parce que son bien aimé oubli son anniversaire, elle se révèle forte et sensible à la fois, prête à tenir dans son dernier entretien avec Fredie, avant de s’effondrer à genoux (magnifique interprétation de Rachel Weisz)...
Le film montre aussi la reconstruction des êtres après guerre et surtout les souvenirs qu'elle laisse, de la dernière scène du film (ruine et reconstruction ?) en passant par la magnifique scène du métro jusqu'au blocage émotionnel de Fredie tout est montré pour condamner les conventions en vigueur à l'époque qui empêchent cette femme de se voir libre, de faire ses choix sans drame... Sa fenêtre devient sa seule échappatoire, reste à savoir si elle sera y voir le vent de libération qui souffle au dehors ...