2ème film d'une série de 15 adaptations de Conan Doyle, ou Eille Norwood incarne Sherlock Holmes et Hubert Willis de Dr Watson, The Devil's Foot (le Pied-du-Diable) est une adaptation proche du texte originel.
Plot : Holmes et Watson sont dans les Cornouailles pour se reposer. Hélas, c'est en demandant leur chemin qu'ils tombent sur une scène glaçante : trois personnes (une soeur et deux frères) mortes assises, immobiles devant la table où ils jouaient aux cartes. Holmes commence son enquête interrogeant le frère survivant qui habite chez le clergyman, la gouvernante qui a découvert la scène... mais le lendemain, on apprend que le dernier frère est mort lui aussi dans des conditions similaires...
Notes : Un film sobre et bien structuré, Eille Norwood y campe un Sherlock Holmes sans fioriture, qu'on pourrait souhaiter un peu plus charismatique. L'adaptation est proche de l'original avec quelques changements, dont la principale n'est pas sans générer quelques problèmes. En effet, des trois victimes du récit de Doyle, seule une - la soeur - est morte, les autres sont devenus absolument et incurablement fous - comme pris de terreur. Le fait que les trois victimes soient mortes dans le film a généré chez moi un effet génant pour lequel je dois ci-dessous spolier :
Rappelons d'abord que l'arme du crime est un poison, poudre faite à partir de la racine de Pied-du-Diable - plante quasi-inconnue nous dit-on (et pour cause) - qui s'active par la chaleur. Nos trois morts sont assis, immobiles, comme s'ils avaient été frappé par une mort pis que soudaine : immédiate. Alors que dans l'histoire, le poison n'est pas nécessairement mortel. On imagine même que la mort est la conséquence d'une frayeur trop grande, puisque l'effet du poison est de produire une terreur sans nom.
Le problème vient du fait que quand, dans le film, Sherlock et Watson s'essaient au poison, on a du mal du coup à adhérer à l'idée que ceux-ci se débattent et tentent, d'abord, puis réussissent à s'échapper. Rien ne justifie a priori que les victimes n'auraient pas pu faire de même. Dans la nouvelle, Holmes prend la précaution d'ouvrir les fenêtres et on comprend leur difficulté à fuir puisque les deux héros perdent leurs moyens intellectuels dans la peur panique. Le poison agirait donc ainsi : perte des facultés - résistance impossible, folie inéluctable (l'ouverture des fenêtres de Holmes amoindri l'effet) - mort possible. (C'est d'ailleurs une tentative qui, si elle a son intérêt littérairement parlant, paraît bien bête et ternit donc un peu l'intelligence de Holmes. Doyle s'en justifie d'ailleurs en faisant dire à Holmes qu'il ne s'attendait pas à une telle soudaineté d'action du poison, et aussi, carrément, que c'était une idée stupide).
La deuxième modification de taille est à la fin, lors de l'explication de la mort du dernier frère, Mortimer. Dans l'ouvrage, Sterndale qui sait que Mortimer est le meurtrier - puisqu'il lui a fourni involontairement le poison - décide de faire justice lui-même. Dans le film, Sterndale fait passer l'acte pour un suicide - hypothèse proposé par Watson chez Doyle - en obligeant Mortimer à écrire une lettre d'aveu et en l'obligeant - par la menace d'un pistolet - à rester dans la pièce alors qu'il amorce le poison (il sortira par une fenêtre). Qui choisirait la mort ou la terreur ad vitam au risque de l'arme à feu ? Je trouve que la scène est illogique de ce point de vue. Cette fin permet en tout cas à Sherlock de faussement affirmer avoir donné solution à l'énigme, la lettre justifiant la thèse d'un suicide. Le texte laisse Holmes "gracier" Sterndale (une bien étrange justice) sans qu'il ne donne à cette enquête quelque ponctuation finale.