Quand des fans de cinéma se lancent dans la réalisation d’un long métrage sous forme de faux-documentaire / thriller-drame en vue subjective, cela donne « The Dirties », un condensé génial d’humour, de références et de drame à l’américaine (sauf que là c’est canadien, donc bon).
« The Dirties » est une petite perle indépendante au budget ridicule. Découvert au FIFAM (Festival International du film D’Amiens), ce film raconte l’histoire de deux amis réalisant des courts-métrages amateur mêlant la vraie vie à la fiction.
Ce film nous fait perdre complètement la notion de narration. Qui est qui ? Ou du moins qui est réel ? Documentaire ou fiction ? Trip ou réalité ? Violent ou juste drôle ? Même à la fin, on ne se pose pas les bonnes questions, alors que l’intrigue a pourtant était suffisamment claire.
La montée progressive de la violence (vous attendez pas à du Battle Royale hein), l’évolution de chaque personnage et la fragilité du monde dans lequel est construit ce film en font un long-métrage exceptionnellement intriguant. Sous un air d’ « Elephant » à la Gus Van Sant, mais en mieux, The Dirties crée une approche du genre particulière. On utilise le cliché, mais on l’utilise bien.
Hymne à la jeunesse, à la liberté d’expression… aux violences faites à l’école, au harcèlement, à la fragilité émotionnel des jeunes ados. Leçon de moral rondement menée, mêlant la douceur d’un humour de cinéaste passionné et la violence de l’adolescent perturbé.
Outre l’histoire, il faudra aussi saluer l’agréable prestation des deux acteurs principaux. L’avantage de la vue subjective c’est qu’on peut y placer un jeu d’acteur relativement naturel, ce qu’ils ne se gênent pas de faire ici.
En ressortant du visionnage je me suis demandé quel était le but réel du film.
Divertir comme tout bon film ? Oui, ça fonctionne mais cela soulève d’autres questions. C’est réel ? Je veux dire, on doit croire quoi ? Evidemment qu’il y’a ce massacre, mais vraiment ? Comment le réalisateur a-t-il pu instaurer une ambiance aussi adolescente et la transformer en enfer ? Parce qu’on a quand même du mal à vouloir y croire à la fin. On est déçu, pas par le film, mais par la leçon qu’il donne. Mais pas déçu parce que c’est moche ou mal fait, déçu parce qu’on sait que ce n’est que la retranscription d’une triste réalité (dont l’Europe est tout de même plus préservée que le continent Américain je pense.)
Le visionnage du film vous laissera un goût amer.
« Merde, c’était un super film, mais je me sens comme déçu de cette fin. C’est triste, c’est con. ».
« The Dirties » est une leçon de cinéma. Elle n’est pas un grand film d’auteur ou une référence du genre, mais elle pourrait le devenir. Chaque cinéaste amateur devrait le voir au moins une fois, si ce n’est pour son côté réalisation, alors au moins pour la qualité de son intrigue et la relation étroite qu’il instaure entre le spectateur et les personnages. Leçon de cinéma, mais aussi leçon de vie, on est quand même bien heureux de l’avoir vu. Je vous le conseil sans l’ombre d’un doute.