En voilà une très bonne surprise ! A l'instar de Ed Wood où Johnny Depp campait le rôle-titre du réalisateur atypique, The Disaster Artist raconte la folle histoire de Tommy Wiseau, personnalité mystérieuse et dingue venue d'une autre planète, qui décide de conquérir coûte que coûte Hollywood par son talent et son génie discutables. Malgré son ambition sans limites, ses rêves se voient rapidement compromis et l'idée folle de créer son propre film de A à Z émerge, créant ainsi le pire nanar de l'Histoire du cinéma : The Room ! Succulent, hilarant et fidèle à l'oeuvre originale et à son créateur, on est conquis dès les premières répliques de James Franco, qui interprète avec brio ce réalisateur totalement barré. Il ne faut pas oublier Dave Franco, son acolyte (mal)chanceux qui va le suivre aveuglément dans toute son aventure cinématographique. La force de cette amitié improbable est l'un des principaux fils rouges ! Au delà de l'aspect comique, il y a ce personnage dont on ne sait rien, insensible et imprévisible, qui ne vit que pour réaliser ses rêves : métaphore de notre ambition exacerbée représentée par un pur outsider de la sphère hollywoodienne. Pour lui, ce qui nous fait mourir de rire est à prendre au premier degré, il croit sincèrement réaliser un chef-d'œuvre et c'est ce décalage énorme qui en fait un personnage attachant et touchant. James Franco donne une seconde vie à The Room en faisant l'éloge de sa création, de son origine à sa première, en suivant un chemin de traverse sinueux pour atteindre la célébrité tant convoitée. Les rebondissements s'enchainent, l'ensemble de la salle se marre, non pas à cause de gags mais à cause de cette folie foisonnante du pire acteur au monde. Sa ténacité, sa foi et son égocentrisme rendent le personnage de James Franco fascinant, dont la performance dépasse le pur mimétisme assistée de prothèses. L'Oscar lui serait revenu d'office, écrasant pour sur la performance de Gary Oldman. Cette vision jusqu'au-boutiste de ce perdant infini nous touche, remet en question nos rêves oubliés et notre ambition sans cesse remise en question ! Derrière ce portrait vouée à l'échec se cache un espoir et une folie créatrice qui fait le plus grand bien !