Xavier Gens est un cinéaste « de genre », un homme accomplissant ses rêves de cinéphile par la réalisation. Son œuvre est naïve, maladroite, mais généreuse et volontaire : Frontières trahissait cet investissement aveugle, cette absence de retenue, déployant visions gores, connotations appuyées et couleurs locales sans concession, avec même une pincée de politique, dont le caractère extrêmement candide voir ridicule ne nuisait pas à l’ensemble, renforçant plutôt sa témérité enfantine.

The Divide est un progrès dans la carrière de Gens. Malgré la sortie DTV en France (juin 2012), le film a été conçu aux USA avec une équipe et des acteurs essentiellement américains, ou allemands, et reçoit un écho bien plus large que ses précédentes productions, Hitman compris. Il marque un saut qualitatif dans les moyens et dans le casting (comédiens audiovisuels et people de seconde catégorie auparavant) et concrétise la "marque" Gens, exacerbant sa vitalité, son souci des enjeux purement physiques et sa mise en scène puissante et sans ambages.

En réunissant, au moment d’une apocalypse scientifique, huit personnes dans le bunker d’un vieil asocial paranoïaque au cœur bien verrouillé, The Divide transcende le principe du survival pour proposer un voyage dans l’antichambre de l’enfer. Régression, passions morbides, humanité transparente, minimale et utilitaire sont de la partie ; Gens scrute le monde des pulsions et des intentions humaines, va à la racine pour retrouver ce qui ne peut ordinairement qu’emprunter un masque.

Dans l’horreur absolue, Gens trouve pourtant des motifs de toute sorte ; bien qu’il concocte un film de genre à la violence exorbitée et au style tranchant, son The Divide est une quête de moments de vérités. Une fois de plus, l’œuvre de Gens se vit d’abord par cette dimension humaine, curieusement sentimentale et épurée. Putride et lyrique, ce huis-clos entre survivants réduits à leurs mobiles les plus urgents attire vers la grandeur et la misère de l’Homme. Trash et opératique (opéra des instincts), le spectacle ne triche pas, ne ment sur rien, ravit esthétiquement, fascine par son jusqu’au-boutisme, son désir de mettre tripes sur table.

http://zogarok.wordpress.com/2012/11/09/the-divide/

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le 3 nov. 2014

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