Après sa transposition de Hitman à l'écran et Frontière(s), film d'horreur made in France en 2007, c'est au Canada que Xavier Gens a posé sa caméra pour réaliser son Divide. Il reprend ici la thématique science-fictionnelle d'un monde post-apocalyptique, narrant l'histoire d'un groupe de 8 survivants enfermés dans un abri anti-atomique suite à ce que l'on suppose être un bombardement nucléaire. Si la volonté de faire un film d'ambiance en huis-clos avec des personnages qui se dévoilent progressivement est louable ; ni l'écriture, ni la mise en scène ne sont à la hauteur de cette ambition.
Dès l'intro, les protagonistes sont présentés de manière si caricaturale que l'on se dit que Gens va obligatoirement nous prendre à contre-pied rapidement. Il n'en est rien : chacune de leur réaction est d'une prévisibilité déconcertante, ceux-ci adoptant une ligne de conduite définie pour ne jamais y déroger. Le tout est porté par une direction d'acteur en roue libre et des dialogues explicitant chaque faits et gestes, ne laissant aux personnages aucune part d'ombre ou de chances de nous surprendre.
Et quand une épaisseur psychologique est censée être apportée par les rapports de domination et de soumission qu'entretiennent les survivants, c'est l'effet inverse qui est obtenu. Avec une finesse pachydermique, le réalisateur mélange allégrement homosexualité, romance platonique et sévices sexuels qui font tomber certaines scènes dans le grotesque, mais qui surtout donnent le sentiment d'une provoc' aussi gratuite qu'ennuyeuse. Cet ennui ressenti est également dû en grande partie à des soucis de rythme et de cohérence. D'abord aiguillé sur une piste d'expérimentation gouvernementale, on se retrouve ensuite à la frontière entre le survival et le film d'action. Visiblement, Gans a voulu inclure dans son film toutes ses références de cinéphile comme gage de qualité mais il ne réussit qu'à nous perdre dans une narration bordélique à souhait.
Sans que l'on ne comprenne jamais bien les tenants et aboutissants de l'histoire – principalement les raisons qui poussent les survivants à rester enfermés – on alterne sans cesse entre ellipses et longues séquences ne faisant pas avancer l'intrigue d'un iota. Cette confusion temporelle est d'autant plus dommageable qu'elle ne permet pas de prendre pleinement conscience des transformations physiques dues à l'enfermement, l'aspect le plus réussi de The Divide. Fonctionnement biologique modifié, vieillissement prématuré : tous sont égaux face à cette mécanique aussi implacable que mortifère. Mais Gens n'exploite aucune de ses trop nombreuses idées pourtant pas si mauvaises, bâclant la dernière demi-heure de sa pelloche avec un faux retournement de situation monté n'importe comment, oubliant même la règle de base de la simultanéité des actions !
Série B aux velléités auteurisantes, The Divide à ne jamais vouloir choisir un angle d'approche finit par n'être qu'une coquille vide, autant de sens que d'émotion, sans non plus réussir à s'imposer comme un shocker efficace.